Socialistes et la guerre européenne 1914-1915

Jules Destrée received a degree in law from the Free University of Brussels. He became a member of the Belgian Labor Party in the early 1890s, joining the socialist movement. He was elected to the House of Representatives in 1893, after defending the Workers Union and supporting universal suffrage....

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Bibliographic Details
Main Author: Destrée, Jules, 1863-1936
Format: Text
Language:French
Published: 1916
Subjects:
ren
Online Access:https://collections.lib.utah.edu/ark:/87278/s6f23nzs
Description
Summary:Jules Destrée received a degree in law from the Free University of Brussels. He became a member of the Belgian Labor Party in the early 1890s, joining the socialist movement. He was elected to the House of Representatives in 1893, after defending the Workers Union and supporting universal suffrage. He held this position until his death. After Germany invaded Belgium in 1914, Destrée went into exile in France at the request of the Belgian government. From there he traveled to London and Rome, pleading the cause for Belgium. LES SOCIALÎ5TES ITI‘\ GUERRE EUROPEENNE 1914-1915 LES SOCIALISTES GUERRE EUROPEENNE 1914—1915 Er1ItaH€ avantla guerre (1914-1915) Jules DESTRÉE MEMBRE DE L.\ CHAMBRE DES REPRESENTANTS DE BELGIQUE … AA , ,,_, ,.Kw \,,_., www…. … W WMPM‘AM'W , “1'(>( (_\L{:’Ï\V7‘( —4 '11 _ b’eîîort anglais BRUXELLES ET PARIS IJBRAIRU£ NATIONALE D’ART ET DÎÆŒTO1RE G. VAN OEST & Cie, ÉDITEURS 1916 LES SOCIALISTES IÏT GUERRE I.“— EUROPEENNE Du même auteur: 1911—1913 ,.»… En Italie autant la guerre (19144915) Jules DESTRÊE MÏ.\…IU{ DE I_.'\ CHAMBRE DES REPR1Ï3‘EX'I‘ANTS DE BELGIQÇY: Incessamment : h’efÎort anglais IJBRAIRHÈ BRUXELLES ET PARIS NATIONALE D’ART ET DîîæT0!Rfl G.VAN OESÏ&:CÈ ÜMTEURS 1916 LES SOCIALISTES ET GUERRE LA EU ROPÉENXE NO TES PRELIMINAIRES Cette brochure n’est que l’ébauche d‘un sujet auquel il aurait fallu consacrer un livre. J'ai dû écrire ces notes au cours d’une tournée de conférences en Italie et sans disposer toujours de la documentation qui eût été nécessaire. On y trouvera peut—être des erreurs et certaine— ment des lacunes. Je m’en excuse d’avance auprès de mes lecteurs. Si je me résous a leur soumettre un travail aussi informe, c‘est parce que je crois indispensable d'apporter le plus tôt possible cette contribution, quelque modeste qu’elle soit, a l’éclaircissement de questions brûlantes, essentielles pour la cause du socia— lisme, qui se confond, à mes yeux… avec celle de la liberte et de la justice. J'ai raconté dans : En lia/ic «muni la gm’rr0 (Paris, Van Gest), commentil m'avaitété donné de suivre l'évolution de l’opinion italienne et de constater les hésitations des socialistes officiels a participer ala lutte contre l‘impérialisme allemand. Tout le problème du conflitentre l’idée socialiste et l‘idée guerrière s’est donc présenté la ;l mon obserration et j‘aiété amené a étendre mon enquête aux autres pays. Il importe, en tilet. de connaître bien les faits si l’on veut se former un jugement raisonnable sur ce conflit. Pareil travail a deja été tenté en langue anglaise. Successirunent, .\l. A. W. HUMPHREY. dans lu.“rrmzliwml.wrz‘aiirnz and 1115 tom [London. King .;m/ «nul et .\l. WiLLIAM ENGLISH \VALLING, dans l}/'f multi/tts run] the rear [New York. Holt] ont publié des études du plus haut intérêt qui monde en présence de la guerre européenne, il importe de préciser d’abord, dans la mesure du possible, les forces respectives des partis socialistes dans les divers pays belligérants et neutres. Il est évidemment malaise’ de dresser une pareille statistique d‘une façon rigoureuse. Les bases d’appréciation font parfois défaut et il est permis de supposer que celles qui sont indiquées par les partis eux-mêmes ne sont pas toujours absolument exactes. Néanmoins, on peut arriver a une approximation suffisante en comparant deux séries de chiffres. La premiére est celle des membres cotisants des organisa— tions socialistes, la seconde est celle des suf— frages obtenus dans les scrutins électoraux. Voici ce double tableau d’aprés M, W. HUMPHREY : I° RELEVÉ DES AFFILIATIONS nir—ut été d‘un précieux secours. !: .\\‘.illl de poursuivre l'examen de l’at titude ultr}‘lcc par les différents partis socialis tes du Sociale démocratie allemande . Sociale démocratie autrichienne \ Sociale démocratie tchèque—slave Parti socialiste italien . . . Sociale démocratie serbe . 970.112 289624 40.000 3.000 ——8— ….ÿ _… Parti socialiste français . 80.000 doctrines socialistes ou sensibles à leur in— Sociale démocratie russe . Parti socialiste révolutionnaire. . . . 168.000 fluence ne sont point comprises dans les sta— inconnu tistiques ci-dessus. Il est certain, d’autre part, 222.000 L539.092 que, dans ks pays non contpfis dans ces ta- Parti ouvrier belge . Parti ouvrier anglais . Parti socialiste anglais . 20.000 bleaux, et notamment aux États-Unis, en Hollande, au Danemark, en Suisse, en Roumanie, " Pouces LLL‘C'I‘ORALES DES DIFFERENTS PARTIS existent des partis socialistes qu’il convient de ne pas oubber. tha sous ceüe doulde .) 51‘l1‘i'afges émis , Âllemagne.a 250.329 (1912) .‘ Autriche . ‘ i . . 1 .oc0,ooo ) (1911) Nombre des députés Nombre total socialistes du parlement des membres développenaent,et silcst vnfi.que ce dévelop110 397 82 )16 ' ini… . ,;s.se; (1909) 42 508 bei'bie . 25 .000 (1912) 2 166 lranCc . i…;00.000 (1914) !… \!L‘ . Ëîel;‘l}jUC. _ . … r \ — a‘et.tune. ,, _ ……_ 800.000 (1912) téserve,lesstaûsûques nous prouvent queles nations engagées dans la guerre sont celles où le parti socialiste avait acquis son principal 110 ‘ 595 442 600.0…) (1312) 39 185 “» .602 ‘ ,,c °°m (1912; 42 6/0 " \\ Il n est pas contestable que ces tableaux ne itpresentent point complè tement la force de l]tltt socialiste darts le monde. Il est certain, n .AU1I'e part, que dans l es pays recensés, un grand nombre de personnes favorables aux pement est, en général, l’indice d’un état avancé de civilisation, il faudrait reconnaître que l’Allemagne et l’Angleterre viennent aux premiers rangs. Il est impossible de ne pas être frappé de l’extraordinaire puissance électorale de la sociale démocratie allemande et du nombre imposant de ses représentants parlementaires. Au— cun autre parti socialiste au monde n'avait la puissance politique de celui-là. Il semble, dés lors, qu’il soit d’autant plus coupable de n’avoir pas eu le courage d'en user pour exiger de son gouvernement une a- 10 …. ti politique conforme aux principes au nom desquels il s'était constitué. Ces difiérents partis socialistes n’avaient sans doute pas une doctrine arrêtée dans les Congrès mande, il a partout loyalement exécuté ce programme et répondu aux espérances qu:il avait suscitées. On est injuste pour le socialisme international lorsqu’on se refuse a lui reconnaître une action dans le maintien de la paix européenne international de Stuttgart sur une double antérieurement au mois d’août 1914. On doit details au sujet de la guerre. Toutefois, ils avaient pu se mettre d'accord au indication : le devoir socialiste devait être, selon la décision du Congrès, de faire, dans l‘éventualité d‘une guerre, l’efl’ort maximum pour empêcher celle-ci et, une fois la guerre déclarée. de faire tout le possible pour amener la paix. ll est donc tout a fait faux de croire, ainsi que les réactionnaires se plaisent à se l‘imaginer. que le parti socialiste international ait jamais en l’illusion de pouvoir désormais empêcher toute guerre. Au contraire, il avait prévu que l’organisation capitaliste moderne, avec ses luttes inévitables pour la conquête des marchés du monde. aménerait un jour les nnpérialismes et les nationalismes des diffé— rents gouvernements à entrer en confl it. Le socialisme se promettait seulement de lui fair e obstacle dans la mesure de ses forces et l’on petit dire que, sauf la défaillance austro-alle— au contraire raisonnablement croire que s’il n’avait pas existé, le fléau se serait déchaîné plus tôt. La vérité est qu’il s’est trouvé impuis— sant devant des fatalités qu’il avait lui-même dénoncées et il est véritablement absurde d’essayer de le rendre responsable d’un cataclysme que, dans la mesure de ses forces restreintes de parti d’opposition, il a tout fait pour empêcher. CHAPITRE PREMIER DANS LES PAYS BELLIGERAX‘TS [ BELGIQUE J’ai naturellement commencé mes investigations par la Belgique, et plutôt que d’exposer une manière de voir purement personnelle, j’ai préféré demander leur opinion à deux de mes amis, MM. Émile Vandervelde et Émile Royer. La pensée de M. Varadervelde ofl're un double intérêt. Il est, en effet, non seulement le leader du parti socialiste belge et ce qu’il dit est l’avis même de l’unanimité du parti, mais il est aussi président du Bureau socialiste international, et a ce titre, ses paroles ont une portée toute particulière et s’im— prégnent d’une réserve que la plupart des socialistes belges ne s’imposeraient probablement pas. On sait que M. Émile Vandervelde a été, dès les premiers jours de la guerre, appelé à faire partie du gouvernement en qualité de Ministre d’État. C’est là une fonction mal définie encore et qui était jusqu’ici purement honorifique. Les Ministres d’État _. r_j — étaient les hommes politiques que le Roi consultait dans les moments difficiles. En fait, dans la période présente, les Ministres d’État ont été associés au Gouvernement. mais il ne leur a pas été attribué dedépartemcnt spécial. Leur influence a été considé— socialiste d’ailleurs, à la sociale démocratie d’Allemagne ? Que ne devons—nous pas aux penseurs allemands Engels, Marx et Lasalle ? « Quand on connait bien les origines, ne peut—on rable et leur collaboration à l’œuvre de défense natio- la sociale démocratie allemande ? « Quant à la prétendue entente préalable entre nale constante. C’est ainsi, notamment, que M. Vandervelde a été unvo_vé en Angleterre pour faire connaître aux réfugiés belges qui s’y trouvaient leurs obligations invers la patrie. Les journaux allemands se sont moqués de lui en l’appelant le sergent recruteur du Roi et il a fièrement accepté leurs sarcasmes, per— suadé qu’en contribuant à défendre son pays, confor— mément au droit et a l’honneur, il accomplissait un devoir sacré qui n’avait rien d’incompatible avec ses convictions socialistes. Î\l. Vandervelde s’occupe, à Londres, avec un zèle extreme, de tout ce qui concerne les soldats belges (cnrolement, soins aux blessés, situation des réfor— mes. etc.), et il a bien voulu nous fair e les déclara— izons que voici : <\ —— S‘il était un pays qui pouvait à just e titre se déclarer hostile au milit arisme et montrer toute son horreur pour l a guerre, c’était la Belgique, qui avait avec tous les pays voisins les meilleures relations Ll.‘r…lllC. Dans la partie fi ama nde du pays, beaucoup dL' BL lgcs svm pathisaient de préf érence avec l’Alleiii;igiié. Que ne d evons— nous pas, au point de vue pas dire que le socialisme belge est le fils légitime de l’Angleterre, la France et la Belgique, au sujet de cette guerre, je déclare formellement que c’est abso— lument faux, et l’on peut ajouter que le Gouverne— ment conservateur belge penchait plutôt vers l’impé- rialisme allemand que vers la République athée et démocratique de France ou vers les hérétiques d’Angleterre. « Si donc il y a eu un cas de légitime défense, c’est bien celui de la Belgique attaquée en violation de toutes les règles du droit et de la justice. « Aussi la résistance a été unanime, et l’unité morale du pays s’est faite sur une question d’hon— neuf. « Et il est intéressant de constater que chez les socialistes belges, ceux qui étaient les protagonistes de la politique révolutionnaire du parti, ont donné l’exemple, en s’enrôlant comme volontaires des le début de la guerre, notamment Louis de Brouckère, à la Compagnie des aérostatiers, et Deman, qui de simple soldat est devenu sous—lieutenant. Tout le monde, sans exception aucune dans le parti socialiste, a compris son devoir. » —-I6—— =._1/—— « —— Et c’est ainsi que vous êtes entré au Gouver— nement? Vous savez que les socialistes allemands vous reprochent d’avoir accepté de faire partie d’un cabinet clérical ? « —— le le sais, et cela m’importe peu, répondit \’andervelde. Vous pouvez donner votre témoi— gnage de l’adhésion entière du parti ouvrier a mon attitude. Les adversaires les plus acharnés de la participation au pouvoir eux-mêmes m’ont félicité et encouragé. L’incident ne préjuge d’ailleurs en rien l’avenir; il est né des circonstances exceptionnelles qui se sont présentées et, après la guerre, le parti se retrouvera entièrement libre de continuer ou non une politique de collaboration nationale. « {Et je rappelle que notre ami Deiardin, député ouvrier de Liège, a été nommé par le roi bourg— mestre de sa commune. Dejardin est le premier bourgmestre socialiste il a eu sont ceux qui ont donné ces ordres de terrorisation qui sont responsables des crimes irréparables qui ont été commis. » << —— Depuis la guerre, n’avez-vous pas eu de nou— velles des « genossen » allemands? « ——A plusieurs reprises, des socialistes allemands sont venus à la Maison du Peuple de Bruxelles et l’un d’eux a demandé pourquoi les Belges n’avaient pas laissé passer l’armée allemande. « Lorsque les socialistes belges ont répondu que c’était, pour la Belgique, une question d’honneur, le une attitude si courageuse que les Allemands l’ont arrété dix—sept lors de suite. Cette nomination-là, elle aussi, a ren— contre lapprobation générale, tant chezles socialistes que chez les conservateurs. ») ’ ’ M. \'andervelde continua : > ‘<‘ —— Beaucoup de social rstes croyaient de bonne loi que l’armée allemande, qur est composée pour un tiers au _ moins de democrates soc ialistes, se ran dune façon humain e. mands, a tel point qu’on peut dire que jamais un pays n’a été traité comme le nôtre. « Mais ces crimes ont été commis ou bien à la suite d’ordres implacables, dans un but de terrorisation, ou bien par des brutes avinées lâchées dans les villes et villages de notre malheureux pays. Et ce condui— «\ Certes, Je ne rends pas le peuple allemand res— ponsable des crimes qui on t été commis par les All e— socialiste allemand a répondu que l’honneur est une question d’idéologie bourgeoise ! « Il est inutile de dire, ajouta Varadervelde, que je ditÏère absolument d’appréciation a cet égard, et qu’il est hors de doute que le respect des signatures doit valoir autant pour les ouvriers que pour les bourgeois. » « — Mais en dehors de l’intérêt, n’avez—vous pas eu des raisons plus générales? « — Si, notre attitudeaété déterminée par d’autres motifs qui intéressent l’Europe et le monde. La neutralité belge n’était pas seulement un avantage pour 2 -.… 18 _. nous Belges, mais une garantie pour nos voisins : pour l’Allemagne, si la France envalrissait la Bel— gique, et pour la France, dans l’hypothèse ou l’Alle— magne cmalrirait notre pays. Si donc, par pusillanimite', contrairement aux engagements pris, nous avions laissé passer les armées allemandes, notre complicité leur eût permis de poignarder la France et d’écraser la démocratie de l’Europe occidentale. « Et c’est ici qu’apparait la communauté d’inté— rêts entre les démocraties de l’Europe entière. « Voyez à ce point de vue la conférence de socialistes alliés qui eut lieu, en février 1915, à Londres et l’ordre du jour voté. « Beaucoup de personnes qui n’ont pas assisté a la séance ont trouvé que cette résolution était vague et nnprécise. « Certes on aurait pu obtenir un vote de simple maioriié. sur un texte nettement d’accord avec nos sentiments, mais ne valait-il pas beaucoup mieux obtenir l’unanimité de toutes les opinions socia— listes représentées, depuis les moins avancées jusquaux partis les plus révolutionnaires, sur deux points essentiels de principe : I° la guerreà outrance pour s:nncre l’impérialisme allemand, et 2° pour aboutir à une paix qui soit solide et qui garantiss€ aux peuples le droit de disposer d’eux-mêmes. « Les motifs donnés dans cette conférence pour nrçner énergiquement une lutte de defense contre lmrperralrsme germanique valent pour tous les peuples qui ont à se plaindre de l’annexion par force. » « —— Même pour l’Italie? Vous n’ignorez pas le neutralisme systématique de nos amis? « Lors de la guerre de Lybie, contrairement aux sentiments de certains de mes amis, j’aipris la parole, à Milan, contre la guerre, parce qu’il s’agissait à ce moment d’une guerre de conquête. Mais il n’en est pas de même dans le conflit actuel. Il s’agit ici d’une guerre de légitime défense, d’une guerre contre la guerre, d’une guerre qui doit être vicrorieuse pour créer une Europe dans laquelle il n’y aura plus de populations annexées par force, dans laquelle les peuples auront recouvré le droit de disposer d’eux— mêmes. « C’est à nos amis d’Italie à savoir si, dans une pareille guerre, la neutralité est une possibilité ‘. » Voici maintenant l’opinion de M. Émile Royer, député socialiste deTournai,qui collabore, à Londres, aux eflorts de M. Vandervelde. Il vient de publier une brochure extrêmement intéressante et documentée : Les Social démocrates allemands et austrabongrois et les Socialistes belges [Ed. du Coin de France, Londres]. Un correspondant de l’Indépendance belge lui ayant demandé si l’avenir de l’Internationale Ouvrière ne lui semblait pas gravement compromis, il répondit !. Les déclarations étaient faites avant mai 1915. (lual‘pmdunrr ltelgc du 17 levrter 1915) : « Vous tou— chez la, mon cher ami, a l‘un des côtés les plus dou- loureux de l‘incommensurable catastrophe {je n‘ai jamais occupé aucune situation dans l’Internationale et je vous prie de considérer que mes propos n’en— gagent que moi): la seconde Internationale ouvrière a fait faillite et l’on eswtyerait en rain de la ressusciter dans le même esprit qultuttmlois Les militants dela sociale démocratie nous sont devenus absolu— ment odieux. Qui donc pourrait leur pardonner de se… tus au Reichstag quand le Chancelier de l‘Empire déclara cyniquement, a la séance historique du 4 aout, qu‘en violant la Belgique, l‘Allemagne agis— sart cn opposition avec le droit des gens et commet— tnt une iniustice ? Ne sera—ce pas une éternelle pontepour le chefdu groupe socialiste au Reichstag, ,c citoi‘eirl—iaase, d’avoir lu, au nom de ses collègues, l;i“_il_lufumr.lî rote des crédits de guerre, une t.…aianon qui etait le contrepied du discours que le meme Haase avait prononcé moins d’une semaine aupanuant au meeting du Circ ne fit ' Je A‘ « îd. il IC} était avec force : « l'Autriche \—Îi_ï\lanîjîieîïg @ Dts‘ socialistes pourraient—ils, si les circonstances ne se mpdtlnnt pas profondément, fraterniser encore arte tze'pietendus camarades qui ont laissé commettre … Belgique les plus abominables atrocités sans protester et presque en y applaudissant? Ah! il ne Sell_“fi l‘ilS, pour que tout cela s’oublie, que les «mal démocrates se remettent à invoquer les prin- ciem— cipes du socialisme international et jouent, cons le leur ment ou inconsciemment, le rôle qui semb entourage avoir été réservé par l’Empereur et son passé. pour le jour où le temps des vantardises sera savons Nous nous garderons d‘être leurs dupea nous et c’est aux actes ce que vaut la parole d’un Allemand, il y aura seuls que nous pourrons reconnaître quand s du liste quelque chose de changé chez les socia Kaiser. « Depuis longtemps, le socialisme allemand m’était usiveantipathique, les marxistes s’attachaient excl Dans ment au côté matériel des questions sociales. triomphe; l’Internationale ouvrière,ce marxisme avait la tradide plus en plus le socialisme s’éloignait de humani— tion révolutionnaire francaise. Les idées hommes taires des hommes de la Convention et des noble de 1818 étaient de‘daignëes. C’est pourtant cette elle , tradition qu’il faudra reprendre. Heureusement socialistes était assez vivante encore dans le coeur des si— francais et belges pour que, sans une minute d’lié e— l‘All tation, ils aient compris que se battre contre et magne, c’était lutter pour la liberté du monde pour les idées de liberté et de fraternité. … 31 ") valurcnt des persécutions de toutes sortes et des années de prison, Tous ces élans généreux devançaient par trop Il l’état présent de la civilisation et ne tenaient pas compte de ce que tous les peuples n’étaient point arrivés au même stade supérieur. Or une nation ne peut s’isoler, FRANCE même dans sa supériorité, et les nobles ambitions La posmon du socialisme français à l’éoard de la U z?uerr e actuelle est extr" emement simple. Elle° échappe‘ { tpute critique , elle est, avec la Violation de la neu— ra rte en moins , la meme belge_ 3 q ue celle du s ocral ' ' tsme a . . . ‘ Aucu m0iS dinparn' du monde n’a fait, ' antérieurement au …en atout I9I4,une propagande plus active et plus à ]… ll.ubâf1I€ en faveur de la paix. Un seul nom sufiit cours ' toute -. celu1' de Jean Jaurès cv oquer dont le dismagntfique prononcé sous les voûtes de la cathédrale de E’] ’ me' de l ’ effort de toute «1 € éta1' t le resu sa vie. (. est de France et s é—' . . . franc P Halement du parti socralrste tarisme et pour ar .Cfgiques pour combattre le mili— internatio 1 , river, par les vores de l’arbitrage na ) au _d€Sarmement général. On , FÎ)Ë—Éfîl$ scandalî les trouver excessives et crier au tissanteS ,Proclampd‘5 OUbllfê, par exemple, anons retende Gustave Hervé,les qui lui pacifistes de la France n’aboutissaient malheureuse— ment qu’à la déforcer vis—à-vis d’ennemis moins sou— cieux d’idéal. A la veille de la déclaration de guerre, les socia— listes français se rendirent à Bruxelles au grand mee— ting convoqué par le Bureau socialiste international et y rencontrèrent des délégués des différentes nations. Un grand souffle de fraternité paraissait ani— mer tous les coeurs et ce fut encore la grande voix de Jean ]aurès, qu’on entendit ce soir-là pour la dernière fois, qui exprima les espérances unanimes. A ce meeting assistaientégalement des Allemands et notamment le citoyen Haase, leader du groupe parlementaire. Il s’associa sans réserve aux démonstrations en faveur de la paix et les socialistes français purent croire que l’action socialiste serait parallèle dans les deux pays. Un appel du parti socialiste français a la popu— lation, qui fut affiché dans les grandes villes de France, reflétait encore cette opinion dans la dernière semaine de juillet. Aprés avoir constaté que l’anarchie fonda— mentale de notre systeme social, la compétition des groupes capitalistes, les visées coloniales avaient créé en Europe un risque de guerre constant etcroissant, risque accru soudainement par les procédés agressifs de la diplomatie austro—hongroise, l’appel demandait atous les travailleurs de s’unirpour empêcher l’abo— minable crime qui menaçait le monde. Il ajoutai t : « _loignons nos efforts a ceux de la sociale démocr a— tie allemande qui demande a l’Allemagne d’exerc er une influence modératrice sur son alliée l’Autri che », et dans son article quotidien del’Hzmzmzild, Jean Jaurès voulait encore croire, le3 I juillet, que la situation n’était pas désespérée. Le soir de ce 31juillet, Jean laur’es était assassiné. Lelendemain, un délégué du « Partei Vorstand » de Berlin, acco npagné du secrétaire du Bureau socialiste international, vint trouver les socialistes français et eut avec les membres du groupe parlem entaire deux entrevues successives, l’une à la Chamb re des députés, l’autre dans les bureaux de rédaction de l’Huma— nité. Sernbat insista sur l’importance de l’unifor— mité des attitudes en Allemagne et en France il rappela ce qu’avait dit Haase à Bruxelles et proposa une brève déclaration commune, à lire dans les deux parlements pour justifierle refus de voter les crédits de guerre. L’Allemand répondit qu’il était venu en toute hâte a la suite d’une décisio n d’une fraction du parti, le groupe parlementaire n’étant pas encore au complet. Mais tous les présents avaient exprimé le dcsn' d’un vote identique dans les deux pays. L idee de la declaration comm une lui plaisait, mais elle lui semblait difficile à réaliser, faute de temps. « En tou/cas, déclara-t—il, un vote affirmatif est exclu. » Renaudel fitremarquer que si l’Allemagne attaquait la France et violait le territoire d’autrui, les socia— listes français se tr0uveraient dans l’obligation de voter les crédits nécessaires à la défense nationale. Le délégué allemand confirma son accord et ses déclarations antérieures. Le jour où les négociations diplomatiques furent rompues entre l’Allemagne et la France, le groupe parlementaire socialiste français avait encore fait une démarche instante auprès de M. Viviani, président du conseil, pour réclamer un suprême effort en faveur de la paix. L’agression de l’Allemagne surprit donc, comme un coup de foudre, et l’attitude des socialistes alle— mands, si contraire aux tendances du parti, si absolu— ment opposée à leurs promesses formelles, causa une douloureuse stupeur. Mais obligés de deilndre leur pays contre cette attaque soudaine et contre l’invasion, les socialistes français se serrérent sans hésiter amour du gouvernement et le parti, après une délibération réfléchie, autorisa deux de ses membres, Marcel Sembatet jules Guesde, a faire par— tie du ministère. L’abnégation patriotique avec laquelle ils acceptèrent cette charge est d’autant plus remarquable que dansle cabinet figuraient Mi\'l. Brian d et Millerand, deux socialistes d’autrefois, que l’on avait àprementet personnellement combattus __o—__ “/ —— 26 »— Il est à signaler encore que M. jules Guesde est le plus autorisé des défenseurs de lidee marxiste en . France. L’Hummzftñ, au nom du groupe parlementaire socialiste, expliquait que le parti avait cru devorr s’associer au gouvernement dans un momennou l’avenir de la nation, la vie de laFrance étaient enjeu, dans un moment où les armées de France se trou— vaient passagèrement forcées de battre en retraite devant des forces supérieures, laissant sous la menace de l’ennemi l’un des districts les plus riches et les plus industrieux. La nation tout entière devait se dresser pour la défense de son sol et de sa liberté. . Et jean Longuet faisait remarquer qu’il était extraordinaire de voir que la France devait être sauvée du joug étranger, par l’intelligence, l‘initiative et le courage—de ces « antipatriotes », de ces « amis de tous les pays sauf le leur », ainsi qu’on désignait les mentaire. Et l’on vit enfin Gustave Hervé, l’antimilitariste intransigeant d’autrefois, comprendre, avec une mer— veilleuse lucidité, qu’il fallait des raisonnements nouveaux à une situation nouvelle. Il reprit la tâche abandonnée par jean Jaurès, et, par ses articles quotidiens dans la Guerre sociale, for— tifia les courages et exalta l’action. Il est, à l’heure présente, l’un des écrivains les plus lus et les plus écoutés, et son clair bon sens, son élan patriotique, sa direction toujours démocratique rappellent les grands révolutionnaires de 1792. Ainsi, tous les éléments du socialisme français, sans rien renier de leurs anciennes convictions, se sont associés, avec une commune ardeur, à l’oeuvre Leurs indispensable du salut public. Leur action dans la guerre a fait l’admiration de tous, en France et au dehors Elle nous permet d’espérer que leur action, quand sera venu le moment de la paix, s’inspirera encore des plus nobles sentiments de la démocratie et du socialisme. Nous ne croyons pas pouvoir mieux terminer cet exposé des opinions du socialisme français au sujet de la guerre, qu’en publiant le texte complet de l’ordre du jour voté à l’unanimité, par le Conseil National du parti, le 14 juillet 1915. Le document est la conférence de Londres, un peu long, mais il confirme et précise, d’une façon socialistes. Les ministres Sernbat et Guesde, par une innovation assez hardie, se tinrent en relations constantes avec les membres du parti et leur rendirent compte de leurs actes au ministère. Leur conduite fut perpé— tuellement approuvée. Parallèlunentà l’action du socialisme unifié, les groupes se rattachant à la Confédération générale du travail, s‘associerent, presq e tous, avec la même (.iti'pie, a l’oeuvre de défense nationale. dulégués assistérent a en février 1915, en même temps que Sembat, Vail— lant, Longuet et d’autres membres du groupe parle- … :s ——- « Le parti socialiste français, réuni en son Conseil é la National le 14 juillet 191}, après avoir examin et situation créée par l’agression austro-allemande lcsonze mois de guerre qui en ont été la conséquence, e— se lilicize de constater que ses fédérations, naturell ment aliaiblies par la mobilisation et les deui's de la guerre, reprennent cependant toute leur vitalité d’action. << Il affirme ;‘t nouveau sa confiance inébranlable dans la cause des alliés et de la France républicaine. « Il rappelle qu’à l’heure ou se nouait le vaste con— llit dans lequel se débat le monde, il a fait appel, jus— qu’au dernier moment, a toutesles forces de paix, en pe—ant surle gouvernement français dont il constatait, ds le 2% j illet 191j, << le souci très net et trés << sincère d’écarter ou d’atténuer les risques du << contiit ») en lui demandant << de s’employer 51 << laire prévaloir une procédure de conciliation et de << nrÇdia‘ionrcndueplnsFacileparl’empressement dela << Se‘bie a accorder une grande partie des demandes << de lAutriclte. << lin réclamant, le 29 juillet, qu’aucune interven— tion annie de la Russie ne fasse liftti\‘ement << le jeu << du gcriiiatiisine impérialiste le plus agressif qui ,… << jour se retourner contre l’abus qu’il fait de la force « brutale ». « Il rappelle qu’à la mêmelteure, la section socia- liste autrichienne fixait ainsi la responsabilité du gouvernement austro—hongrois : << Nous ne pouvons << accepter la responsabilité de cette guerre, respon<< sabilité que nous rejetons ainsi que toutes les con« séquences terribles qu’elle peut produire. sur ceux << qui ont imaginé, accompli la démarche fatale qui « nous met en face de la guerre» (Ultimatum a la Serbie). « Il rappelle encore le jugement de la section socialiste allemande au même moment: << Si nous condamnons les menées du nationalisme < pauserbe, la légèreté de provocation a la guerre du « gouvernement austro-lrongrois suscite notre plLL < énergique protestation. Les exigences de ce gou— « vernement ont une brutalité qui ne s’est jamais << vue encore dans l’histoire du monde a l’égard d’une << nation indépendante et elles ne peuvent être cal— << culées que pour provoquer la guerre. Le prolé— << tariat conscient d’Allemagne au nom del’laumanité << et dela civilisation élève une protestation enflam<< tuée contre les criminelles intrigues des fauteurs de I‘\ é d’être intéressante, les directions qui n’ont cess cement celles du socialisme français depuis le commen de la guerre. .…29 << guerre. Il exige impérieusement du gouverne- << tuent allemand qu’il use de son influence sur le << seriillt- axoir cherché son heure pour une entre- << gouvernement autrichien pour le maintien de la << paix et si l’horrible guerre ne pouvait être empê— prise de violence sans précédent. qu’il verra un << cl1ée, qu’il ne se mêle en rien du conflit. Aucune _._ () _… « goutte de sang d’un soldat allemand ne doit être Rosa Luxemburg, Ledebour, Mehring, viennent se « sacrifiée aux pensées ambitieuses des gouvernants joindre la vigoureuse allimation de Haase, Bernstein « autrichiens, aux calculs de profits de l’impéria— et Kautzl;y et la manifestation dite des deux cents « lisme. » fonctionnaires devenus aujourd’hui plus de mille. « Ainsi, dès son origine, le parti socialiste français peut dire que toute responsabilité immédiate était « Ainsi s’opère dans le socialisme allemand lui— même l’examen qui s’impose aux socialistes de chaque écartée de la France, de l’aveu même de tous, elle nation, pour déterminer ses responsabilités et son l’était plus encore par les promesses que le parti socia— liste obtenait du gouvernement, associé à l’Angle— terre et suivi par la Russie, de prop05er une procédure de médiation et d’arbitrage. « Elle l’était enfin par les mesures destinées à éviter tous incidents de frontière, par l’engagement pris de subir une déclaration de guerre, mais de ne pas s y assoc1er. « La guerre éclatait, déclarée par l’Allemagne, comme elle avait été déjà déclarée ailleurs par l’Au— devoir vis-à-vis des gouvernements comme vis-à—vis de l’lnternationale. seil national considère qu’il ne saurait y avoir de paix durable si celle—ci n’est pas basée : « I° Sur le principe des nationalités, impliquant a la fois la volonté d’écarter toute politique d’annexion, et le rétablissement du droit qu’ont les populations opprimées de l’Europe à disposer d’elles-mêmes et a faire retour à la nation dont elles ont été brutalement triche. séparées « Et le mondeapprenait la violation de la neutralité du Luxembourg et de la Belgique. « Sans hésitation, à l’unanimité, assuré du droit de la France, de sa volonté pacifique, le groupe socialiste \‘opiit au Parlement les crédits pour la défense natio— na e. « Le conseil national approuver cette décision qui klllpL)l'l”fllî ÎOUÎCS 3UÎÎG S. « le conseil national salue le réveil de conscien ce qui se produit en Allemagne, par lequel, aux pre— nueres protestations de Liebknecht, Clara Zetkin, « Aujourd’hui, après onze mois de guerre, le con- « 2° Sur le respect absolu de l’indépendance poli— tique et économique des nations « 3° Sur l’organisation de l’arbitrage obligatoire entre les peuples permettant à la fois lalimitation des armements, lecontrôle démocratique des engagements pris par chaque gouvernement, et la constitution d’une force internationale de sanction. « Pour obtenir ces résultats et pour chasser du monde les rêves exécrables d’une hégémonie qui aboutirait a placer l’Eur0pe sous le talon de l’impérialisme le plus brutal, le plus agressif etle moins scru— 53'“ _32_… «< C’est une fièvre d’activité ardente qui doit emporter ce pays à l’intérieur pour se réfléchir au front en une vigueur irrésistible. « Donner au soldat sa pleine sécurité morale, le convaincre avec évidence qu’à l’heure où on lui demande sa vie même pour l’idéal et le salut commun, les siens sont hors du péril, de la misère, exiger puleux, le parti socialiste se déclare prêt a nouveau a continuer son concours sans réserves, comme sans défaillance ni lassitude a l’œuvre de défense nationale. « Il sait les deuils, les douleurs immenses engendrés par la guerre. … Il sait qu’ils ne peuvent disparaître du présent comme des préoccupations de l’avenir que si l’impérialisme allemand est vaincu. « Il poursuit avec l’ensemble du pays et de ses alliés la libération des territoires de l’héroïque et lo_vale Belgique et des régions envalties de la France ainsiquela réparation du droit pour l’Alsace—Lorraine. « Mais pour atteindre ce résultat, nous pensons encore que toute tnollesse doit être bannie. Chefs et soldats doivent être animés d’une foi ardente en la vies de la nation en armes, à veiller que l’élan des soldats méme ne soit pas brisé par les mesures qui seraient en contradiction avec l’esprit de la pattî€ rt*publicaine, avec Cttté glorieuse tradition d’égalité et de liberté que les citoyens français ne veulent pas \“on‘ périr même par l’effet d une discipline proclamée par nous nécessaire, infiexible dans son équité. Nm .—…:.“— —.—-…aw.…. . -. … de salut, a contrôler l’organisation de tous les ser— ventions. .-« si le Parlement, puisqu’il est la suprême émanation du pa_vs, est appelé à surveillerl’exécution des mesures taires, fournisseurs aussi qui ont charge, a quelque titre que ce soit, d’une parcelle de la défense nationale, l’exécution la plus stricte du devoir et des con- «.s—.»— victoire. « Cette foi, ils l’auront si le gouvernement donne aux uns et aux autres les moyens matériels de vaincre, de tous ceux, officiers, fonctionnaires civils et mili- « Prévenir les insuffisances et punir les fautes sans hésitation, sans défaillance, ni complaisance. « Susciter partout l’énergie productrice de la guerre. « Remanier s’il le faut le principe duquel les auto— rités militairestiennent un pouvoir exclusif pour l’organisation de cette pratique de méthodes de bureaucra— tie qui ne sont plus en harmonie avec l’industrie et le travail modernes ni compatibles avec la rapidité des résultats obtenus. « Créer des usines nouvelles si les anciennes ne suffisent pas. « Voilà ce que nous réclamons du gouvernement comme le gage certain et rapide de la victoire. « Le parti socialiste pense encore que le gouverne— ment de la France s’honorerait devant l’humanité si, des horreurs même de la guerre, il faisait surgir la lueur qui conduira le monde a la paix. « Que, dès maintenant, il propose a ses alliés d’ac— cepter l’engagement solennel de soumettre, à l’avenir, tous les litiges qui pourraient se produire entre ces nations à une procédure d’arbitrage international. « Qu’il fasse appel à tous les neutres mêmes pour s’associer à cet acte. … Qu’on garde la porte ouverte à toutes les nations qui l’accepteront. « Si une telleinitiative est suivie d’effet, la France, une fois de plus, aura mérité de la reconnaissance du monde pour sa volonté de paix, pour la liberté des individus et des nations. « En conséquence, le Conseil National, se référant à la déclaration de Londres et confirmant la résolution votée le 7 février dernier par la conférence des secrétaires de fédérations. « Constate à nouveau devant le monde socialiste que la France ne porte pas laresponsabilité du conflit qui a déchainé sur l’Europe le fléau d’une guerre générale « Qu’elle n’a fait que se défendre contre une agression préméditée de l’impérialisme allemand, qui pour atteindre son but n’a pas reculé devant la violation de la Belgique; « Déclare que la lutte imposée aux alliés par les dirigeants de l’Allemagne doit être conduite à 5011 terme logique, c’est—à—dire jusqu’à la défaite du militarisme allemand, afin que soit donnée au monde la grande et nécessaireleçon d’une entreprise d’hégémo- nie brisée par la résistance des peuples libres ‘ J « Que de cette guerre — et pour qu’elle soit la derniére — doit sortir une Europe fondée sur le respect des traités et l’indépendance des nationalités, où les peuples ayant recouvré le droit de disposer d’eux— mêmes pourront enfin rejeter le fardeau écrasant du militarisme. « Répudiant à la fois toute politique de conquête au delà des restitutions légitimes et toute pensée de défaillance devant l’invasion, « Approuve à nouveau l’action menée depuis le début de la guerre par la commission administrative permanente du parti et le groupe socialiste parlemen— taire et leur donne mandat de poursuivre dans le même esprit de fermeté inflexiblel’œuvre de défense nationale. » HI ALLEMAGNE Après plus d’un an, l’attitude du parti socialiste allemand reste injustitialfle et même inexplicable ‘. Nous avons rappele antérieurement le meeting so— ciali>te international convoqué à Bruxelles et les dis- cpurs qui _v furent prononcés, notamment par le citoyen Haase, leader du groupe parlementaire de la sociale démocratie. Nous avons rapp«lé aussi les dé— marches qui furent taires auprès des socialistes français dans les tout dernhrs jours de juillet. Ces dé— marches étaient en accord avec un manifeste publié des les premiers symptômes de la confiagration europe: une, le 25 juillet 1914, par le parti socialiste allemand. Au nom de l’humanité et de la civilisation, re manifeste appelait le prolétariat d’Allemagne à une énergique protestation contre la criminelle entreprise des lauteurs de guerre. Il demandait au gou\ l, temps de paix, vous méprisent et vous exploitent, veulent faire de vous de la chair à canon. Chacun doit répondre, en criant de tout son pouvoir : Nous ne voulons pas la guerre ! a bas la guerre ! longue vie à la fraternité internationale des peuples ! >> Ce qui est tout au moins étrange, c’est que ces meetings eurent lieu. On en compta, dans la soirée du 28 juillet, vingt—huit a Berlin. Ils furent autorisés et même protégés par la police. A en croire les correspondants berlinois du T/Je 71er S/a/usmmz et du AJam/aur/vr Guard/an dont le témoignage a été Confirmé par une lettre du compagnon Sweden a Rarnsay.\lac Donald,un personnage important de la sociale démocratie, Haase. fut appelé, le matin même du jour où ces meetings . . » a. ce sujet ,.__ fruit, l: cons.ltua .i\ec ytp, : Emzlu Royrr, Les devaient avoir lieu, au ministère, et il y fut averti, );linhl…t\ allemands et austro—hongrors et les SOc1ahstes rendus. l:dition du Coin de France. que non settlement ces meetings ne seraient pas inter— dits, comme le demandait la presse réactionnaire, mais. qu’au contraire, toutes les mesures seraient _ t> 4 1 vernement allemand d’user de son influence auprès du gouvernement autrichien pour la conservatiOn de la paix, et si cette guerre honteuse ne pouvait être évitée, il le priait de s’abstenir de toute intervention armée aucune goutte de sang d’aucun soldat alle— maud ne devait être sacritiée pour les visées ambi— tieuses et les profits impérialistes de l’Autriche. Il convoquait tous les compagnons a des meetings devantsignifier la volonté du prolétariat allemand de maintenir la paix. « Les clases dirigeantes qui, en e…; i. Le groupe soc1alrste au Rerchstag et la journefi un :. aout. Paris, Colin. *“39‘ prises pour empêcher qu’ils ne fussent troublés. Le fonctionnaire engagea même le socialiste à poursuivre sa propagande en faveur de la paix avec une éneraie crorssante. Comme en ce moment même la loi miir— nale venait d’être proclamée par le gouvernement il pe peut y avoir de doute sur le but de la tactique impériale: induire ainsi en erreur les socialistes fran— çaisen se servant, pour les tromper et pour afiaiblir la resistance dela France, des socialistes allemands. Il ne nous paraît pas possible de croire que les hommes de la sociale démocratie allemande se soient pretes consciemment à une manœuvre aussi perfide mais Il faut reconnaître qu’ils se sont laissés abusei bien facilement. Comment expliquer, dans ces conditions, que quelques rours après, les socialistes allemands. rallie's par une brusque volte-face, à la politique impérialiste dc'lcur gouvernement, votérent a« l’unanimité les credits demandés pour la guerre ? l, orsque ' ’ ' . nous eumes connaissance d’une aussi incrr(_\dlo ". ‘ e delaill.rncc, ' … on nous demanda de ne point con —' d‘y i mÏnu<' ltrop \ite nos camarades d’Allemagne et e urs' implications, v '- ' ’ ' ” . armure ( qur' peut-etre 1usnhe— ment leur conduite. ”Ces explications sont venues, mais elles ne jusuhenr rien du tout, et elles suffisent à peine à expliquer, d une lagon raisonnable, la déplorable attitude de la sociale démocratie allemande. Un n ous* &' dit, ' tout d ‘ abord, que dans la réunion la question des préparatoire où l’on avait examiné importante s’était crédits de guerre, une minorité its, et ne s’était montrée hostile au vote de ces créd que par esprit de ralliée àla décision de la majorité discipline. admettre cette Nous ne pouvons, quant à nous, ssée jusqu’à la compréhension de la discipline, pou complicité dans le crime. socialistes d’Al— On nous a dit encore que pour les e, de même que lemagne, la guerre s’était présenté de France, comme pour les socialistes de Belgique et habilement, devant une guerre de défense. On agita Et sans entrer ici leurs yeux, le spectre du tzarisme. de la guerre, je dans la discussion des responsabilités te que pour un socialis puis reconnaitre, sans difficulté, nd, malgré tous ses allemand, l’impérialisme allema despotisme russe. défauts, peut paraitre préférable au en donc défendre, Les socialistes allemands crurent aient de liberté et défendant leur pays, ce qu’ils posséd ocratique et barde civilisation, contre un régime aut bare qui leur faisait horreur. letés du gou— Ce ne fut pas une des moindres habi on de ce senti— vernement allemand, que l’exploitati adroitement styment chez les socialistes. Une presse e et détourna lée annonça l’imminence du péril slav ion publique, a de la Belgique et de la France l’attent tendues sur— l’aide d’histoires mensongères de pré prises et invasions prochaines. llemagne S’il faut admettre que les socialistes d’A aient été,dans les premiers jours du mois d’août, victimes du machiavélisme de leur gouvernement, il faut reconnaître en même temps, et encore une fois, qu'ils se sont laissés tromper bien aisément. Et s’ils ne sont pas coupables de trahison, ils ont, tout au moins. péché par une extraordinaire absence de clairvoyance et de courage. Il eût fallu, sans doute, une énergie qui n’était pas en leur pouvoir, pour oser vouloir voir clair dans le jeu du gouvernement, tt réagir contre les entraînnuents passionnés que suscitaient dans la foule une campagne de men— songes. Tout cela n’est au reste qu’une très petite excuse,si c’en est une. Car, depuis plusieurs mois que dure la emrre. la vérité a pu se faire jour, a travers les fu— mées des batailles et les inexactitudes des journaux. Or, jusqtfici. un seul socialiste, Karl Liebknecht, a en la lU\;…té de reconnaitre s<n erreur première, et de proclamer,en décunbre derni *l', que cette guerre n‘est pas, pour l‘Allemagne, une guerre de défense. Cela j.‘;ge les autres. Quelle que soit d’ailleurs l’idée que les socialistes allemands, abusés ou nOn, aient pu se faire de la guerre, dans les premiers jours du mois d‘août 1914, tt en admettant même qu’ils aient cru à la nécessité de se défendre contre le tzarisme, toutau moins est— il ctrt.iin qu’on peut leur reprocher leur silence hrqne. le .j aout 1914, au Reiclistag, M. de Beth— manu H«.1llweg, chancelier de l’empire. annonça l’entrée des troupes allemandes sur le sol belge, reconnut lui-même l'injustice de cette violation de neutralité et s’excusa en déclarant que la nécessité ne connait point de loi. Le récit de cette journée restera l’une des pages les plus lamentables des annales du parti socialiste. Personne, parmi les très nombreux députés socialistes présents à la séance, ne s’esr levé pour formuler une protestation, ou même un regret, et la députati0n socialiste, ainsi que le reste du parle— ment allemand, et l’Allemagne tout entière, a accepté comme légitime cette maxime immorale et formulée sans pudeur de l’intérêt primant la foi jurée. A dater de ce moment, nous voyons d’ailleurs les socialistes allemands se faire les serviteurs complaisants, et par— fois empressés, de la politique impériale. Nous en avons eu de surprenants exemples, à Bruxelles, où ils ont osé, avec une déconcertante absence de scrupule, se prévaloir des liens de la fra— ternité socialiste, pour essayer de provoquer des défaillances qui eussent été des trahisons. Un certain nombre de socialistes, et notamment le député Franck, s’engagérent volontairement dans les armées allemandes, dans les rangs desquels la loi comportant le service général avait deja incorporé un grand nombre de « genossen ». Ce sont ces soldats—là, qui, comme les autres, ont fait en Bel— gique et en France, la guerre atroce, déloyale et sauvage que l’on sait. Et ces méthodes barbares n’ont jamais donné lieu à une protestation quela __ vains du conque, de la part des orateurs et des écri r qu‘une parti. Il a fallu attendre le mois d’avril, pou dracoprotestation s’élevât contre une proclamation relative, nienne du feld—marécbal von Hindenburg, d‘ailleurs, a la campagne russe. nce Il serait peut—être injuste de reprocher ce sile celle e que à la presse socialiste, car il est vraisemblabl ite ci ne peut se publier que sous la surveillance étro n— de la censure impériale. Mais rien non plus. cepe au dant, ne nous permet de supposer qu’il y ait eu, sein du parti, des eliorts quelconques pour rentrer dans la tradition internationale. Bien au contraire, on a vu certaines notabilités socialistes se répandre dans les pays neutres, en émissaires suspects, pour y pro— pager les lourberies imaginées par la politique impé— riztle. Un seul événement, consolant au milieu de tant d‘autresà déplorer, est la ferme et courageuse protestation de Karl Lieblmecht, lors du vote des seconds crédits de guerre, en décembre 1914.Se refusant, cette fois. a suivre en cette matière la discipline du parti, l.itültiieclit se sépara de ses amis, et justifia son vote par une déclaration écrite, que le président retusa de comprendre dans l‘ordre du jour, mais dont le texte nous est quand même parvenu : « Cette guerre n‘était dans la volonté ni du peuple allemand nid’aucun autre peuple. C'est une guerre impérialiste, une ;.Ïllt‘llt‘ pour la conquête du marché mondial, pourla domination sur d‘nnportants territoires et leur exploi— 43 ___— tation capitaliste. C’est une guerre provoquée par les partis de la guerre de Germanie et d’Autriche, dans le mystère d’une diplomatie secrète. C’est en même temps une guerre pour énerver le mouvement crois— sant de la classe ouvrière. Le mot d’ordre allemand « contre le tzarisme » n’a été proclamé que pour exploiter les plus nobles inclinations et les traditions révolutionnaires de notre peuple. L’Allemagne, com— plice du tzarisme et modèle de la réaction politique, ne peut prétendre au rôle de libérateur des peuples. La libération du peuple allemand, comme du peuple russe, doit être leur oeuvre propre. Cette guerre n’est pas pour l’Allemagne une guerre de défense. je proteste à nouveau contre la guerre, contre ceux qui en sont responsables,contre les entreprises capitalistes pour lesquelles elle a été déclarée, contre les projets d’annexion, contre la violation de la neutralité de la Belgique et du Luxembourg, contre l’extension illimitée de la loi martiale, contre la défaillance de leur devoir social et politique dont le gouvernement et les classes dirigeantes sont coupables. >> Il est à regretter, pour l‘honneur du socialisme allemand, qu’un pareil langage soit resté sans écho. N0tons, cependant, qu’il la même date, le député Haase fit savoir au Reichstag, qu’à la suite des faits révélés depuis le début dela guerre. le parti socialiste étaitunanime a penser que l’on n’avait pas indiqué de raison militaire suffisante pour justifier la violation de la neutralité de la Belgique et du Luxembourg. Le On peut trouver cette déclaration tardive et bien timide. lille ne fait, somme toute, que répéter ce peut toujours se méfier de tout ce que l’autorité laisse publier, et soupçonner que des déclarations qui paraissent lui être hostiles peuvent servir les desseins secrets de sa politique. Certains députés socialistes allemands se sont malheureusement révélés comme les agents du gouvernement. Même en admettant (ce qui nous parait devoir être admis)la parfaite sincérité des Quertreiber, il est bien évident qu’ils ne sont que le chancelier de l’empire lui—même avait reconnu, dans leur des le .4aoi1t, et elle ne va pas aussi loin que lui, même qu’il est évident aussi qu’en se ralliant sans réserve à la politique impérialiste, le parti socialiste allemand a perdu ses plus grandes chances d’être parti considérait, a—t—il dit, « cette violation comme contraire a la justice >>. Cette déclaration fut supprimée par la presse alle— mande et par la censure, mais une relation en fut transmise en Angleterre et publiée dans le Labour laurier. dans la logique de l’équité. En déclarant, en etïet, que l'.-\llunagne commettait une injusüce, M. de Bethmann Hollxveg promettait de la réparer. Lorsqu’en décembre 1914, les socialistes allemands purtnt apprécier les conséquences etlroyables de cette injustice, ils ne semblent s’être préoccupés ni de la faire cesser, nt des réparations nécessaires. L’attitude” de thlçnecht qui avait eu, le premier, le courage de se séparer de la majorité de son parti, lut suivie. en juin 1913, par Kautzkv, Bernstein et liaa*e qui publiCitiit un manifeste, dit des Quertreibet. dans lequel ils déclcuaient vouloir réaliser la paix sans annexion ni conquêtes. Ils furent solennelle— ment répudiés par le parti, et leurs déclarations don— nL-tcnt lieu a des polémiques, des résolutions et des controverses dans lesquelles il est bien difficile de dé— mtlçr la vérité exacte. liiant donné le régime de c…sure gouvernemen— tale qui stÏ‘\‘it tris rigoureusement en Allemagne. on parti, qu’une minorité impuissante, de écouté. L’action de Kautsky, Bernstein et Haase ne nous paraît pas pouvoir avoir de sanction pratique et même s’ils parvenaient, ce qui semble peu probable, à rallier autour de leur Opinion la majorité du parti, ils ne pourraient évidemment pas faire reculer les tendances pangermaniques. Leur initiative a eu, au contraire, pour elïet d’accentuer davantage l’attitude impérialiste de la majorité des socialistes allemands, qui abandonnent de plus en plus les principes traditionnels de l’internationalisme, et approuvent la poli— tique de conquêtes poursuivie par le kaiser. La séance du Reichstag à la fin d’août 1915 en a fourni une nouvelle preuve; les socialistes ont suivi docilement la politique de l’Empire, et l’ordre du jour qu’ils ont adopté ne contient plus rien des prin— cipes fondamentaux qu’ils défendaient jadis. Bien plus, un volume : La classe ouvrière dans l’Allemagne nou— abo— vrlir qui vient de paraître à Leipzig, avec la coll députés ration de Scheidemann, N0slæ et autres socialistes, indique un essai de rapprochement avec les libéraux ! IV AUTRICHE-HONGRIE L’attitude des socialistes autrichiens apparait, au cours de la crise actuelle, comme semblable en tous points à celle des socialistes allemands. Ainsi qu’eux, ils ont, avant la déclaration de guerre, protesté avec véhémence contre les risques de conflits san— glants que faisaient courir au monde la concurrence capitaliste et la politique de proie des gouvernants d’Europe. Leur opposition passée à toute entreprise impérialiste, à toute aventure militaire les a poussés, par l’effet de la vitesse acquise, à élever contre les menées provocatrices de l’Autriche à l’égard de la Serbie une protestation indignée. Dans ce manifeste paru dans la secondequinzaine dejuillet 1914, ils pro— testaient également contre les mesures prises par leur gouvernement pour empêcher toute manifestation de l’opinion démocratique. Il convient d’attirer spécialement l’attention sur ce manifeste, d’autant plus que c’est le seul acte du parti social-démocrate autrichien, qui soit parvenu à notre connaissance. Depuis lors, les socialistes autrichiens paraissent avoir été muets. Ont-ils renoncé à faire entendre leur voix? C’est peu probable; il est plus vraisemblable de croire qu’ils ont été bâillonnés. Dès le 22 juillet, leur tournal l’ÀI‘1’WÏlCÏ Zeitung était sévèrement traité par la censure. Le manifeste se terminait comme suit : « Nous sommes d’autant plus fondés àfaire cette déclaration, que les peuples d’Autriche ont été, depuis plusieurs mois, privés de leurs droits constitutionnels et qu’on leur a enlevé toute tribune d’où ils auraient pu faire entendre leur volonté. « En présence de la guerre qui demande à chacun les plus lourds sacrifices de sang et d’argent, la viola— tion préméditée de la volonté populaire, en éliminant le parlement, est de nature à aigrir et a irriter. << Nous répudions toute responsabilité dans la guerre, nous en laissons solennellement la responsa— bilité a ceux qui, des deux côtés, l’ont provoquée. lin ceci, nous ous savons d’accord avec le prolétariat conscient du monde entier, et même, avecles social- dtmocr.nes de Serbie. Nous nous vouons à l’oeuvre de la civilisation, itla sociale—démocratie internationale, ji laquelle nous seronslidèles durant notre vie entière, et donnes jusqu’à la mort… » Ainsi qu’on le voit, l’allure de ce manifeste estassez belle. Notons qu’il ne fut pas signé par les députés de l5olït‘lïlt et de Pologne, sur l’attitude desquels nous n’avons pas de renseignements. Comment d’aussi nobles intentions n’ont-elles été suivies d’aucun acte? Comment un parti qui s’était assuré 82 sièges sur 316 a—til pu être réduit à l’impuissance totale ? Cela reste encore un mystère. Il parait néanmoins certain que la violation de la neutralité belge n’a pas impressionné la démocratie socialiste autrichienne et cependant, de ‘a part de l'Autriche, elle a eu un carac— tère particulièrementodieux et contraire au droit des gens. Non seulement l’Autriche avait, commel’Allemagnc, garanti la neutralité perpétuelle de la Belgique, mais elle n'avait pas, comme l’.—\llemagne, l’excuse d’une attaque possible de la part de la France. Et, poussant plus loin que l’Allemagne le mépris du droit des gens, l'Autriche a fait la guerre a la Belgique, par surprise, et sans la lui déclarer. On sait, en eflet, que l’artillerie autrichienne était en action au siège de Namur et que la rupture des rapports diplomatiques entre l’Autriche et la Belgique ne s’est produite qu’ultérieun ment. Citons enfin, d’après la Bataille syndicale, les principauxpassagœ du manifeste que le Parti social democrate allemand de l’Autriche et le Comité de la frac— ton Social Democrate au Reichsrath autrichien ont adressé, en date du 23 juin 1915, a la population ouvrière : « Cette décision inébranlable de maintenir notre existence propre aussi longtemps que la dure néces— sité de la défense subsiste n’est nullement contredite parle souhait, grandissant de jour en tout et d’heure en heure dans t us les milieux chez les peuples be…— a gérants, de voir la fin de la lutte, la volonté s’imposant toujours avec plus de force de voir la paix conclue. C’est le devoir de tous ceux qui portent quelque responsabilité d’écouter cet appel et de chercher avec ardeur la voix de la paix. \7 « Les social-démocrates autrichiens ont, avant la guerre, fait tout ce qu’il était en leur pouvoir pour ANGLETERRE éviter celle-ci ‘. Pendant toute sa durée, ils ont fidé- lement rempli les devoirs leur incombant de la défense du pays, mais ils n’ont jamais cessé de déclarer solen— nellement qu’ils désirent et ne connaissent d’espoir plus grand, ni de souhait plus tervent, que de voir, après comme avant la guerre, les membres de l’Internationale prolétarienne mis en leur pleine puissance, épurée encore par leur expérience, au service del'œuvre de la paix. » 1. Ici il faut un mot de protestation. Même de bons socialdémocrates comme le théoricien marxiste Pannekoelæ, ont cons- taté, au début de la guerre, que ce sont précisém:nt les socialdémoa-ates autrichiens qui ont les premiers manqué à leurs devoirs, même avant les Allemands, et que la Wiener ArbeiMrçvilung (le journal de l’ouvrier de Vienne) organe officiel de la social-démocratie autrichienne, attaqua alors le gouvernement serbe, faisant ainsi le jeu de son gouvernement par contre, les Serbes tant méprisés firent leur devoir, où même, pour cette guerre de défense, les camarades serbes refusèrent de voter les crédits de guerre, agissant ainsi dans l’esprit de Bebel et de Licbltnecht en i870. (Note de la Bataille Syrzdicaliste.) Pour pouvoir exposer l’attitude des socialistes anglais à l’égard de la guerre actuelle, il convient tout d’abord de rappeler qu’il n’existe pas en Angleterre un parti socialiste unique, mais trois organisations distinctes qui doivent être considérées séparément : 1° Le parti ouvrier ou Labour Party comprend l’ensemble des organisations ouvrières ayant pour but principal l’amélioration des conditions économiques du prolétariat. Les membres des Trades-Unions que réunit ce programme se partagent, au point de vue politique, en Opinions variées. 2° Le parti ouvrier indépendant (lndependant Labour Party) ou usuelletnent I. L. P. qui est une section du Labour Party, plus spécialement politique,d’un caractère socialiste accentué. C’est l’organisation la plus considérable du Royaume—Uni. 3° Le British Socialist Party, ou parti socialiste britannique, qui groupe tous les socialistes non affiliés à l’organisation précédente. Au Labour Party se rat- ___“)‘3y. tacite la Fabian Society, composée surtout de démo— crates socialisants, qui, tout en acceptant l’étiquette socialiste, préconisent le plus souvent des solutions d’un caractère modéré. L’attitude de ces dilïe'rentes organisations n’a pas toujours été concordante, et dans l’intérieur de cha— cune d’elles, l’opinion ne fut pas toujours unanime. Il serait donc téméraire de vouloir l’apprécier trop sommairement. Toutefois,d’une façon générale, on peut suivre, dans l’opinion socialiste anglaise, une évolution plus ou moins lente qui la conduit de l’hostilité systématique à la guerre, de la sympathie pour l’Alle— magne et de la crainte de la Russie, a la compréhen— sion du danger que fait courir à la liberté des peuples et à la démocratie, l’impérialisme germanique, et à la résolution de soutenir la guerre actuelle jusqu’à la complète défaite du militarisme allemand. Nous allons essayer de tracer quelques traits de cette évolution. Avant la guerre, tous les socialistes, sans distinction, étaient, en Angleterre comme dans toute l‘Europe, partisans de la paix, du règlement des contestations internationales par voie d’arbitrage et hostiles aux dépenses militaires. Seul, le vénérable Hyndmann avait parfois signalé qu‘il pouvait être nécessaire de se préparer à des rement contre Sir Edward Grey, dont ilavait dénonce l’attitude germanoplrobe et demandé la démission. En 1912, dans une réunion à Birmingham, l’l. .L. P. avait réussi à faire admettre son opinion parle Labour Party et a faire voter un ordre du jour de blâme pour Sir Grey. Dans la dernière semaine de juillet, lorsque l’Autriche menaça la Serbie, les socialistes d’Angle— terre furent unanimes a réclamer un ellort pour le maintien de la paix européenne, et tout au moins le maintien de la neutralité de la Grande-Bretagne. Après le meeting du 29 juillet, à Bruxelles, un mani— feste signé de Keir Hardie et Arthur Henderson lut adressé àla classe ouvrière. Il lui demandait « de faire campagne pour ne pas s’allier au despotisme russe dont la victoire serait un désastre pour le monde. Il n’y a pas de temps a perdre; deja par des traités secrets et des ententes dont les democraties ne con— <Ya 'c"s dans la voie naissent pas les termes, on nous a en bl" du conflit. Hommes et femmes, proclamez que pour vous les jours de pillage et de massacre sont passés, envoyez des messages de paix et de Fraternité Ii ceux qui ont moins de liberté que vous. A bas le règne de la force brutale ! a bas la guerre ! vive le règne pacifique du peuple ! » int—ne une campagne extraordinairement violente Une manifestation fut organisée, le 2 août, a Trafilgar—Square, a Londres, et les délégués des dilïé— rentes organisations socia.istes et ouvrières y furent contre le militarisme et les armements, et particuliè- présents. résistances éventuell