Conséquences écologiques et évolutives de la chasse chez l'ours brun (Ursus arctos) scandinave

La planète Terre fait face à sa sixième extinction massive des espèces. Cette fois, l’Homme (Homo sapiens) est considéré comme la cause principale de ce phénomène. Une des menaces les plus importantes qui pèsent sur la survie des populations animales est la surexploitation, telle que la pêche et la...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Leclerc, Martin
Other Authors: Pelletier, Fanie, Zedrosser, Andreas
Format: Doctoral or Postdoctoral Thesis
Language:French
English
Published: Université de Sherbrooke 2018
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/11143/12378
Description
Summary:La planète Terre fait face à sa sixième extinction massive des espèces. Cette fois, l’Homme (Homo sapiens) est considéré comme la cause principale de ce phénomène. Une des menaces les plus importantes qui pèsent sur la survie des populations animales est la surexploitation, telle que la pêche et la chasse. L’exploitation diminue la survie des classes d’âges et de sexes qui sont récoltées, mais elle peut également induire des effets écologiques et évolutifs sur les populations sauvages. Bien que les effets écologiques et évolutifs de la récolte puissent influencer le taux de croissance de la population, ils sont peu documentés et quantifiés dans la littérature scientifique et sont rarement pris en compte lors de la gestion des populations exploitées. Cette thèse a donc comme objectif principal de quantifier les effets écologiques et évolutifs de la chasse chez une population de grand carnivore l’ours brun (Ursus arctos) scandinave. Cette population est suivie de manière longitudinale depuis 1985 par le Scandinavian Brown Bear Project. Ce projet de recherche cumule des informations, entre autres, sur l’âge, le sexe, la reproduction, la survie et le comportement des ours bruns, ce qui en fait une des bases de données des plus complètes au monde chez un grand carnivore. Dans un premier temps, j’ai évalué les effets écologiques de la chasse. La chasse peut déstabiliser la structure spatiale et sociale d’une population récoltée et ainsi augmenter la probabilité d’observer de l’infanticide sexuellement sélectionné. Par conséquent, la chasse a le potentiel de diminuer la survie juvénile même si cette classe d’âge n’est pas directement visée par la récolte. En combinant des informations sur la survie juvénile et la localisation des mâles récoltés à la chasse, j’ai mis en évidence une diminution de la survie d’une portée d’une femelle lorsqu’un mâle était tué à proximité (Chapitre deux). De plus, j’ai montré que la mortalité d’un mâle à la chasse résulte en une restructuration spatiale qui perdure pendant deux années (Chapitre trois). Les résultats obtenus suggèrent que la chasse a des effets écologiques à long terme qui peuvent influencer la viabilité des populations. Dans un deuxième temps, j’ai évalué les conséquences évolutives potentielles de la chasse. J’ai débuté en montrant qu’il existe de la variabilité comportementale en sélection d’habitat chez l’ours brun (Chapitre quatre), soit une des conditions de l’évolution par sélection naturelle. Ensuite, j’ai colligé de l’information issue de la littérature scientifique afin de montrer que les comportements des animaux peuvent influencer leur vulnérabilité à la récolte, que ce soit la pêche ou la chasse (Chapitre cinq). Ensuite, j’ai montré que les chasseurs peuvent induire des pressions sélectives sur le comportement des ours, soit la deuxième condition de l’évolution par sélection naturelle (Chapitre six). Bien que je n’aie pas quantifié l’héritabilité comportementale dans cette thèse, les résultats des chapitres quatre, cinq et six suggèrent néanmoins qu’il pourrait y avoir de l’évolution induite par la récolte pour les traits comportementaux héritables. Finalement, j’ai comparé, pour la même population, les données du suivi longitudinal du Scandinavian Brown Bear Project aux données du registre d’abattages de chasse. J’ai mis en lumière que les données de registre d’abattages de chasse peuvent être biaisées par rapport à des données issues d’un suivi longitudinal, et ce, même dans un système d’étude où la chasse est considérée comme peu sélective (Chapitre sept). Cette conclusion est importante pour la gestion, la conservation et l’étude des effets écologiques et évolutifs de la chasse qui utilisent souvent les données dans les registres d’abattages de chasse. En effet, ces données constituent souvent une des seules sources d’informations disponibles pour plusieurs espèces exploitées. Bien que les données de registres d’abattages de chasse soient souvent abondantes, elles devraient être utilisées de manière prudente dans les décisions de gestion et de conservation considérant qu’elles sont souvent biaisées. Les résultats de cette thèse ont permis de quantifier certains effets écologiques et évolutifs de la récolte et de souligner l’importance de ces effets pour la viabilité à long terme des populations exploitées. Mieux documenter les effets des activités anthropiques est primordial afin de pouvoir décider des actions à poser pour réduire ces effets dans une ère où l’Homme est la principale menace à la biodiversité de la planète.