Les représentations sociales du chez soi de personnes des Premières Nations vivant à Saguenay

Au Canada, les politiques d’assimilation culturelle des Premiers Peuples et d’appropriation du territoire, longtemps soutenues par les grandes puissances coloniales, légitimées ensuite par leur intégration au système juridique et politique canadien, font partie d’un processus de génocide culturel (C...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Maltais-Thériault, Claudia
Format: Thesis
Language:French
Published: 2018
Subjects:
Soi
Online Access:https://constellation.uqac.ca/4778/1/MaltaisThxE9riault_uqac_0862N_10523.pdf
Description
Summary:Au Canada, les politiques d’assimilation culturelle des Premiers Peuples et d’appropriation du territoire, longtemps soutenues par les grandes puissances coloniales, légitimées ensuite par leur intégration au système juridique et politique canadien, font partie d’un processus de génocide culturel (Commission Vérité et Réconciliation, 2015). Les rapports au chez soi des Premières Nations, aux manières d’être en relation et d’habiter des territoires données (home/homeland), se sont vus transformés par les changements socioculturels forcés et rapides induits par l’idéologie coloniale canadienne (Christensen, 2013). Au sein des milieux urbains en construction, la présence des personnes s’identifiant aux Premières Nations a été tantôt repoussée, discriminée ou simplement niée dans une semblable logique ségrégationniste. Or, les Premières Nations figurent parmi les groupes de population ayant une forte croissance démographique au sein des villes canadiennes. Ces espaces urbains leur permettent-ils aujourd’hui de s’y sentir chez elles? Et d’abord, que signifie cette expression, « chez soi », pour les Premières Nations? Souhaitant aborder des enjeux concernant les Premières Nations dans le cadre du présent projet de recherche, j’ai sollicité pour sa réalisation la collaboration du Centre d’amitié autochtone du Saguenay. Nous avons convenu ensemble d’une entente de collaboration visant la réalisation d’une étude de type qualitative et exploratoire dont le but général est de documenter les représentations sociales du chez soi de personnes des Premières Nations vivant à Saguenay. Bien qu’une vaste littérature existe à propos de la notion du chez soi dans diverses disciplines, les influences de la culture dans la conception et la construction du chez soi sont l’une des dimensions moins explorées jusqu’à maintenant, à l’instar des diverses significations possibles du concept en fonction du contexte historique, politique, social ou économique d’une culture ou d’un groupe donné (Mallet, 2004). Par le biais d’entretiens individuels et de groupe, 25 personnes (12 femmes et 13 hommes) s’identifiant comme membre des Premières Nations ont participé directement à la cueillette d’informations réalisée entre les mois de janvier et mars 2016. Les résultats permettent de dresser un portrait général de la représentation du chez soi pour les personnes rencontrées qui se décline en 11 caractéristiques principales qui ont été regroupées en quatre sphères. Les résultats ont permis de constater que le caractère identitaire culturel du chez soi, dans une perspective individuelle et collective, traverse l’ensemble des sphères et chacune des caractéristiques énoncées. Les propos des participant·e·s permettent d’affirmer que leurs représentations sociales du chez soi sont aussi teintées des transformations des conditions de vie et des modes d’habiter des Premières Nations induites par le colonialisme. Par ailleurs, les expériences du chez soi des participant·e·s montrent que l’ensemble des lieux associés au chez soi sont traversés par des tensions importantes, une tension entre son existence et son absence. Ceci permet d’envisager le chez soi comme processus plutôt que comme un fait objectif, une réalité donnée ou encore un lieu précis. Le chez soi se présente comme une construction active, vivante, réalisée à partir d’idéaux qui s’accrochent aux conditions objectives de vie.