revue d'études autochtones

À l’automne 1948, une « maladie étrange » fait son apparition à Igluligaarjuk (Chesterfield Inlet), un petit village de la baie d’Hudson. Les Soeurs Grises en charge de l’hôpital sont les premières à sonner l’alerte. Dans les camps, les décès se multiplient et les enterrements s’op...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Revue d’études autochtones
Main Author: Laugrand, Frédéric
Other Authors: UCL - SSH/IACS - Institute of Analysis of Change in Contemporary and Historical Societies
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: 2023
Subjects:
Soi
Online Access:http://hdl.handle.net/2078.1/286239
https://doi.org/10.7202/1105914ar
Description
Summary:À l’automne 1948, une « maladie étrange » fait son apparition à Igluligaarjuk (Chesterfield Inlet), un petit village de la baie d’Hudson. Les Soeurs Grises en charge de l’hôpital sont les premières à sonner l’alerte. Dans les camps, les décès se multiplient et les enterrements s’opèrent dans la précipitation. Des médecins sont envoyés d’urgence en avion, tel le docteur Moody qui décrète une vaste zone de confinement au début de l’hiver 1949, l’une des plus grandes dans l’histoire canadienne. Du côté des Inuit, la vague des décès continue. Des évacuations se font par avion et plusieurs Inuit meurent dans le sud du pays, loin de leurs familles. À l’été 1949, de nombreux malades refusent alors d’être évacués. D’autres cherchent des solutions du côté des chamanes. La tradition orale a gardé en mémoire le cas de Nagjuk qui finit par s’offrir lui-même en sacrifice, ayant indiqué auparavant à ses compagnons que seule sa mort pourrait stopper le mal. À partir de plusieurs témoignages recueillis auprès d’Inuit de la région et de soeurs missionnaires qui ont vécu l’épidémie jour après jour, une double analyse est proposée. La première, historique, revient sur la chronologie des événements tels qu’ils sont rapportés par les soeurs. La seconde, de portée anthropologique, interroge les gestes du chamane à se donner la mort. L’épidémie de poliomyélite révèle l’importance de la force vitale et la pratique du don de soi au sein du chamanisme inuit.