Possessions Nord-Sud. Les intériorités peuplées

International audience Entre le Nord et le Sud, la question de la possession a connu un sort inégal au sein des sciences sociales. Délaissée au Nord, surinvestie au Sud, cet écart d’attention n’est pas du seul fait d’une moindre matière nordiste mais rend compte, aussi, d’une construction historique...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Pons, Christophe
Other Authors: Institut d'ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (IDEMEC), Aix Marseille Université (AMU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: HAL CCSD 2017
Subjects:
Online Access:https://shs.hal.science/halshs-01537976
https://shs.hal.science/halshs-01537976/document
https://shs.hal.science/halshs-01537976/file/Halshs%20Pons%202017%20Possessions%20Nord%20Sud.%20Les%20int%C3%A9riorit%C3%A9s%20peupl%C3%A9es%20%281%29.pdf
Description
Summary:International audience Entre le Nord et le Sud, la question de la possession a connu un sort inégal au sein des sciences sociales. Délaissée au Nord, surinvestie au Sud, cet écart d’attention n’est pas du seul fait d’une moindre matière nordiste mais rend compte, aussi, d’une construction historique au sein de laquelle la possession – et avec elle la sorcellerie – a joué un rôle de frontière entre divers horizons de pensée. Au Nord, sa mise à l’écart d’une histoire sociale et des mentalités est ancienne, héritière d’un long processus de dressage des personnalités et des corps, orchestré par le christianisme en tant qu’autorité légitime. Dans le final de La possession de Loudun, Michel de Certeau pointait la réserve de l’historien dont pourtant, disait-il, « lui-même se ferait illusion s’il croyait s’être débarrassé de cette étrangeté interne à l’histoire en la casant quelque part, hors de lui, loin de nous, dans un passé clos avec la fin des « aberrations » d’antan, comme si la « possession » était terminée avec celle de Loudun. Certes, il a reçu de la société, lui aussi, une tâche d’exorciste. On lui demande d’éliminer le danger de l’autre » (de Certeau 1970 : 327). Cependant, si le christianisme a condamné les possédés – dans les termes d’une démonologie qui est toujours d’actualité, notamment au Sud –, il ne les a pas écartés du champ des pensables. Ce fut le cas en revanche des sciences sociales qui n’ont jamais tout à fait cessé d’opérer cette mise à l’écart, alors même que l’autocritique épistémologique du grand partage paraissait désormais entendue il demeure une tenace continuité de l’impensable de la possession au Nord.