La pratique de l’ironie dans le récit d’un voyageur amateur libertin du XVIIe siècle : proposer un regard relativiste sur l’ailleurs ? Jean-François Regnard, Le Voyage en Laponie (1681)

International audience L’ironie, qui a partie liée avec le rire, la satire, la moquerie grinçante ou joyeuse, devrait être un trope ou une figure de discours absente des relations de voyage, genre davantage enclin au sérieux de l’inventaire cartographique ou ethnographique. Tourné vers l’enregistrem...

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Bibliographic Details
Main Author: Morinet, Mathilde
Other Authors: Centre Interdisciplinaire d'Étude des Littératures d'Aix-Marseille (CIELAM), Aix Marseille Université (AMU), Odile Gannier, Véronique Magri
Format: Conference Object
Language:French
Published: HAL CCSD 2015
Subjects:
Online Access:https://hal.science/hal-04603465
Description
Summary:International audience L’ironie, qui a partie liée avec le rire, la satire, la moquerie grinçante ou joyeuse, devrait être un trope ou une figure de discours absente des relations de voyage, genre davantage enclin au sérieux de l’inventaire cartographique ou ethnographique. Tourné vers l’enregistrement des bizarreries exotiques, confrontés aux savoirs des scientifiques et érudits contemporains, le récit de voyage est avant tout garant d’un savoir, à visée généralement didactique, quand il ne relève pas du manuel commercial ou du récit missionnaire. Et pourtant, un usage relativement extensif de l’ironie est repérable dans les récits de voyage au XVIIe siècle, dans les récits émanant de voyageurs amateurs issus des milieux de sociabilité mondains. Cette pratique relève-t-elle du simple jeu d’esprit, permettant de faire glisser la finalité de ces récits du savant au plaisant ? L’usage de l’ironie est-il la marque d’un sentiment de supériorité d’un Européen qui peine à aller à la rencontre de l’ailleurs ? Ou l’ironie n’est-elle pas un moyen de camoufler les audaces de la pensée en contexte de censure pour des auteurs qui se serviraient du détour de l’ailleurs pour remettre en cause les fondements de la société catholique d’Ancien Régime ? C’est davantage à ce dernier questionnement que nous nous intéresserons, d’autant plus que l’ironie est l’une des grandes figures employée par les auteurs libertins dans leurs récits, romans et essais pour déguiser la subversion de leur pensée, en jouant sur l’ambiguïté fondamentale de cette figure de discours, qui leur offre ainsi un véritable espace de liberté. Avec les théories de Dan Sperber et Deirdre Wilson, complétées par celles d’Oswald Ducrot (1984), nous rechercherons ces moments où une parole autre se fait entendre, celle d’autres auteurs, d’instances dirigeantes… : quelles paroles, quels stéréotypes, quelles théories scientifiques, politiques, philosophiques sont alors mises à distance ? Au nom de quel système de valeurs alternatif ? Grâce à quels marqueurs ? Nous ...