Summary: | Après avoir dressé une brève esquisse des grands types de déplacements qui unissent l’Afrique à l’Europe et à l’Amérique, et qui appellent une série de récits spécifiques, cet article envisage Les Coqs cubains chantent à minuit (2015) de Tierno Monénembo et Al Capone le Malien (2011) de Sami Tchak comme deux romans francophones qui questionnent les paradigmes littéraires de la mobilité depuis et vers l’Afrique. De cette manière, on montre comment, tout en renvoyant au schéma — classique aux XIXe et XXe siècles — du voyage d’un Européen en Afrique, le roman de Tchak l’ébranle à l’aide des cadres de la globalisation et d’un hédonisme fastueux, qui mettent notamment à mal la question de l’exotisme. De façon complémentaire, le roman de Monénembo se voit appréhendé comme une relecture de la mobilité qui existe entre l’Afrique et l’Amérique, et qui est historiquement liée à la traite négrière. On détaille ainsi comment, par la figure d’un Africain qui cherche ses origines à Cuba, ce roman désamorce lui aussi l’exotisme et propose plus largement une réflexion sur l’identité composite que supposent les flux transatlantiques. Ultimement, ces deux romans se voient rapprochés dans leur capacité à jouer du voyage pour figurer l’interdépendance des littératures francophones d’Afrique subsaharienne et pour, de facto, instituer la globalisation de celles-ci comme une relation au monde at large.
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