Summary: | International audience L'archipel des Kerguelen est découvert par un Français en 1772. Grâce à la toute récente maîtrise du calcul des longitudes, il est correctement identifié à petite échelle alors que les cartes dressées à grande échelle sont longtemps imprécises. Pourtant, bien que situées au nord des cinquantièmes hurlants, ces îles attirent très vite les phoquiers et baleiniers venus de tous horizons en quête de peaux d'otaries qui alimenteront le marché asiatique, de graisses d'éléphants de mer et de baleines qui fourniront l'huile d'éclairage des villes américaines et européennes et leurs industries en plein essor. Préciser le tracé des côtes, très découpées, devient nécessaire pour accéder aux colonies de mammifères marins abattus à coups de gourdin ou de fusil sur les rivages. L'analyse des commanditaires et des usages des cartes produites entre les années 1860, règne des baleiniers américains, et les années 1920, dernière décennie de l'exploitation baleinière par des sous-concessionnaires norvégiens, permet d'interroger le statut de la ressource (res nullius ou sous concession), ses enjeux (scientifiques, économiques, stratégiques) et les limites du pouvoir de ceux qui y ont accès, l'exploitent, la gèrent. Dans quelle mesure les cartes ont-elles été un outil de pouvoir pour l'accès, le contrôle et la gestion des ressources naturelles insulaires ? Cette question est illustrée à travers trois exemples. La carte, outil d'accès aux ressources naturelles. Le capitaine Joseph Fuller, venu de New London sur la côte nord-est des États-Unis, « moissonne » la « terre de graisse » de 1859 à 1895. Dans un contexte de prédation des ressources concurrentiel, sa « carte dans la tête » constitue un véritable pouvoir, reconnu par ses contemporains, celui de la connaissance.La carte, outil de contrôle et de promotion des ressources naturelles. En 1893, le Havrais Henry Bossière obtient pour 50 ans les droits d'exploitation des ressources marines et terrestres de l'archipel sous forme d'une concession. Six mois plus ...
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