Summary: | Le sud n’est pas une donnée purement géographique. Au XVIe siècle, Montaigne en particulier, homme du sud, propose un éventail assez varié de représentations. Il connaît certes la géographie de son époque, et l’orientation nord-sud donnée par la cosmographie contemporaine. Il partage, dans une certaine mesure, la théorie des climats développée par Bodin, et déjà énoncée par Aristote. Cependant, ces conceptions théoriques passent au second plan en pratique : lorsqu’il voyage lui-même, allant d’Allemagne en Italie, il ne semble jamais se représenter son périple en termes géographiques il change seulement de coutumes et de paysages. Quant aux Brésiliens qui alimentent sa réflexion anthropologique, ils ne sont pas tant hommes du sud qu’hommes de l’ouest, ou antipodes : c’est l’époque où, avec Thevet, on rêve des singularités de la France antarctique. Ainsi, le sud ne semble pas une notion définitivement fixée. En exigeant plus de rigueur des cosmographes, en opérant de constants parallèles entre les habitants du Nouveau Monde, accessoirement installés en bordure de la nouvelle « mer du Sud », et ceux de « par-deçà », Montaigne relativise les différences et mine en fait toute entreprise de ségrégation nord-sud. Gannier Odile. Midi, sud et Antarctique : la fluctuante géographie de Montaigne. In: Les suds : construction et déconstruction. Actes du 126e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Terres et hommes du Sud », Toulouse, 2001. Paris : Editions du CTHS, 2005. pp. 13-27. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 126-11)
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