Le racisme et l’histoire de l’art. Compte rendu :

Compte-Rendu L’art est universel, mais son étude serait-elle une discipline implicitement raciste ? Comme toutesles sciences sociales, l’histoire de l’art a jadis emprunté ses catégories interprétatives à la penséeraciale. Habituée à classer, voire à hiérarchiser les peuples selon leurs traits physi...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Mangeon, Anthony
Other Authors: Configurations littéraires (CL), Université de Strasbourg (UNISTRA)
Format: Other/Unknown Material
Language:French
Published: HAL CCSD 2015
Subjects:
art
Online Access:https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03130928
Description
Summary:Compte-Rendu L’art est universel, mais son étude serait-elle une discipline implicitement raciste ? Comme toutesles sciences sociales, l’histoire de l’art a jadis emprunté ses catégories interprétatives à la penséeraciale. Habituée à classer, voire à hiérarchiser les peuples selon leurs traits physiques etpsychologiques, elle continue aujourd’hui à rapporter systématiquement les œuvres aux originesde leurs auteurs. Le marché de l’art se fait ainsi l’arène d’une surenchère identitaire, où les plusvalues vont désormais aux productions labellisées « Black », « Latino », « amérindien »… Pourcomprendre comment la race est devenue ce facteur majeur dans l’interprétation des arts, il faut,selon l’historien Éric Michaud, remonter au début du XIXe siècle. S’imposa à l’époque une idée :les invasions barbares n’auraient pas seulement précipité la fin de l’empire romain, elles auraientsurtout régénéré l’art occidental par un apport de sang neuf, et divisé désormais les stylesartistiques nationaux selon les goûts des races dominantes. Quant aux Juifs, leurs moindrescontributions artistiques n’auraient pas tenu seulement à leur religion (qui interdisait depuis Moïsetoute représentation du vivant), mais plutôt à une origine sémite, et donc étrangère au fondaryen ! Ce livre sans concessions nous conduit ainsi d’étonnements en consternations, endécouvrant tous les grands noms de philosophes ou d’historiens qui, de Johann Winckelmann àHenri Focillon en passant par Hegel, ont relayé ces conceptions racistes voire antisémites de l’art.Et le soupçon rejaillit fatalement sur la promotion contemporaine des artistes non-occidentaux,des Inuits à Yinka Shonibare : est-on en fait jamais sorti du mythe des invasions barbares ? Unelecture aussi érudite qu’édifiante.Éric Michaud. Les inventions barbares. Une généalogie de l’histoire de l’art. Paris, Gallimard,NRF Essais, 23 € report on Art is universal, but would its study be an implicitly racist discipline? Like all social sciences, the history of art has in the past borrowed its ...