Regards croisés sur le Spitzberg : Léonie d'Aunet et Xavier Marmier de La Recherche à l'écriture

Si l’archipel du Svalbard, situé entre 74° et 81° de latitude nord, fait intemporellement partie du Nord du Nord, son degré de nordicité semble avoir été plus élevé dans la première moitié du XIXe siècle qu’aujourd’hui. Durant cette période, située à la fin de ce que certains géologues appellent le...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: GAUTIER, Clément
Other Authors: Annie Bourguignon, Konrad Harrer
Format: Other/Unknown Material
Language:French
Published: Berlin 2019
Subjects:
Online Access:https://oskar-bordeaux.fr/handle/20.500.12278/38365
Description
Summary:Si l’archipel du Svalbard, situé entre 74° et 81° de latitude nord, fait intemporellement partie du Nord du Nord, son degré de nordicité semble avoir été plus élevé dans la première moitié du XIXe siècle qu’aujourd’hui. Durant cette période, située à la fin de ce que certains géologues appellent le « Petit Âge Glaciaire », l’île principale, le Spitzberg, est considérée comme inexplorable en raison de son relief, et l’archipel apparaît aux yeux du grand public français comme « le pays le plus au nord de l’hémisphère septentrional. » Au cours de l'été 1839, le navire français d'investigation scientifique La Recherche fait voile vers le Svalbard. A son bord, Léonie D'Aunet et Xavier Marmier, auxquels cet unique et commun séjour dans l’archipel inspirera deux récits de voyage (Voyage d’une femme au Spitzberg (1854) pour Léonie d’Aunet et Lettres sur le Nord (1840) chez Xavier Marmier) et un roman (Les Fiancés du Spitzberg (1858) de Marmier). Le croisement des œuvres de ces auteurs ayant parcouru les mêmes lieux aux mêmes moments fait apparaître des écarts monumentaux, que l’on s’intéresse à leurs formes ou aux images du Nord du Nord véhiculées. Ces différences ne sont explicables en partie que si l’on considère Léonie d’Aunet en tant qu’auteur féminin et Xavier Marmier en tant qu’auteur masculin. Nous ne proposons pas ici une étude des psychologies féminines et masculines dans leurs rapports au Nord, mais l’analyse des contraintes sociales qui pèsent sur l’écriture viatique du Nord du Nord par Léonie d’Aunet, et les moyens employés pour les surmonter. Nous verrons que sans prétendre à la légitimité en tant qu’auteur de récit de voyage, elle parvient à dresser d’elle-même le portrait d’une grande voyageuse en exploitant notamment le topos d’un Nord du Nord hostile aux femmes. Although the Svalbard archipelago, located between 74° and 81° north latitude, is timelessly part of the northern North, its degree of northerness seems to have been higher in the first half of the nineteenth century than it is today. During this period, in the end of the "Little Ice Age", the main island, Spitsbergen, is considered as "inexplorable " because of its relief, and for the general public in France, the archipelago appears to be "the northernmost land in the northern hemisphere." In the summer of 1839, the French scientific research vessel La Recherche sailed to Svalbard. On board, Léonie D'Aunet and Xavier Marmier, inspired by this unique and shared journey in the archipelago, will later write two travel stories (Voyage d’une femme au Spitzberg (1854) for Léonie d'Aunet and Lettres sur le Nord (1840) for Xavier Marmier) and a novel (Les Fiancés du Spitzberg (1858) by Marmier). The comparison of the works of these two authors who traveled in the same places at the same time reveals significant discrepancies, in both literary forms and conveyed images of the northern North. These differences can be partly explained reading Léonie d'Aunet as a female author and Xavier Marmier as a male author. Nevertheless, the present study is not about the feminine or masculine psychologies regarding their relationships with the North, but an analysis of the social constraints which weigh on Léonie d’Aunet’s viatic writing of the northern North, as well as the ways by which she overcomes them. Without claiming legitimacy as a writer of travel narratives, she manages to draw of herself the portrait of a great traveler, by exploiting the topos of a northern North hostile to women.