Au-delà du troisième sexe : expériences de genre, classifications et débordements

Cet article interroge le concept de « troisième sexe » (Saladin d’Anglure, 2004, 2006) à l’aune du contexte français d’expression et de prise en charge des questions transidentitaires. La tertiarisation du sexe répond-elle aux expériences sociales des personnes trans ? Dans cette perspective nous in...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Socio
Main Author: Alessandrin, Arnaud
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: Les éditions de la Maison des sciences de l’Homme 2017
Subjects:
Online Access:http://journals.openedition.org/socio/3049
Description
Summary:Cet article interroge le concept de « troisième sexe » (Saladin d’Anglure, 2004, 2006) à l’aune du contexte français d’expression et de prise en charge des questions transidentitaires. La tertiarisation du sexe répond-elle aux expériences sociales des personnes trans ? Dans cette perspective nous interrogerons la manière dont les diverses sciences (l’anthropologie évidemment, mais également la médecine et la psychanalyse) ont employé le terme de « troisième sexe » au sujet des personnes trans, afin de démontrer qu’il recouvre une polyphonie de sens fortement contradictoires (Murat, 2006), que l’actualité récente sur les questions de genre a notamment mise au jour. Toutefois, les identifications de genre trans ne parviennent jamais à se réduire à ce triptyque analytique (Alessandrin et Espineira, 2015 Giami, 2011). Ainsi, dans la dernière recherche d’Arnaud Alessandrin et Karine Espineira (2014) portant sur l’expérience de la transphobie, nous dénombrons trente-cinq identifications de genre différentes (Male to Female,Female to Male, Male to Unknown, etc.). C’est dire combien les catégories de genre tertiaires comme binaires trouvent leurs limites dans les expériences subjectives des personnes concernées (Fausto-Sterling, 2012). À ce titre, il paraît plus pertinent de ne plus saisir la question des transidentités par une nouvelle catégorie vouée au débordement (Alessandrin, 2012) mais, au contraire, de proposer une analyse en termes de « carrières de genre » dynamiques et à la concrétisation toujours incertaine. À travers de nombreux entretiens issus de ma thèse et de mes récentes recherches, dont celle menée avec Anita Meidani et intitulée « Cancers et transidentités : une nouvelle population à risques ? » (Financement CGSO, 2013-2014), je tenterai donc de démontrer qu’en se situant, dans le contexte français, du côté de l’expérience des individus (Dubet, 1995), le concept de « troisième sexe » ne permet pas de rendre compte des subjectivités qui se déploient à l’endroit du genre. This article aims to ...