Luossa et Laks

Lorsque la technoscience et la politique d’État interagissent avec les savoirs et les pratiques autochtones, elles le font habituellement de façon asymétrique. Dans les relations de domination, les savoirs autochtones sont traités comme des « croyances » ou des « cultures » alors que la technoscienc...

Full description

Bibliographic Details
Main Authors: Law, John, Joks, Solveig
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: Société d'Anthropologie des Connaissances 2020
Subjects:
Online Access:http://journals.openedition.org/rac/2182
Description
Summary:Lorsque la technoscience et la politique d’État interagissent avec les savoirs et les pratiques autochtones, elles le font habituellement de façon asymétrique. Dans les relations de domination, les savoirs autochtones sont traités comme des « croyances » ou des « cultures » alors que la technoscience est qualifiée de « connaissance » ou de vérité. Cet article explore une interaction de ce genre, une polémique au nord de la Norvège et de la Finlande entre, d’une part, les modélisateurs biologiques et les décideurs publics et, d’autre part, les pêcheurs samis (lapons). Les scientifiques et les décideurs estiment que le nombre de saumons est en baisse dans la rivière Deatnu (Tana) en raison de la surpêche et cherchent à limiter la pêche. Les pêcheurs locaux sont en partie d’accord avec cela mais ils font valoir que d’autres facteurs (surtout la protection des prédateurs) sont également cruciaux. Ils s’opposent également aux restrictions imposées aux pratiques locales (et souvent samies) de pêche au filet dérivant. L’article traite cette controverse sur les plans épistémologique, politique et métaphysique, avec un accent particulier sur ce dernier. Les hypothèses métaphysiques actionnées par la technoscience – en particulier ses liens avec le dualisme de la nature-culture et une ontologie singulière de « monde unique » – sont explorées. De tels liens sont absents des pratiques samies. L’article prétend, en s’appuyant sur des travaux issus de l’anthropologie postcoloniale, que ces hypothèses enchâssées dans la technoscience empêchent celle-ci et les pratiques politiques associées de reconnaître la différence métaphysique et, du coup, permettent aux décideurs et aux scientifiques de refuser la possibilité qu’il puisse y avoir des mondes multiples et différents. L’article conclut que si l’on veut déboucher sur des relations moins dominatrices entre la science et la politique d’une part, et les pratiques et savoirs samis d’autre part, il sera important de s’occuper : (a) des pratiques matérielles et terre à terre de ...