De la déglaciation à l’agriculture moderne :histoire environnementale du sud du Groenland

Depuis 2006, une équipe constituée de paléoenvironnementalistes du laboratoire Chrono-environnement de Besançon travaille sur les séquences lacustres du sud du Groenland. Le secteur étudié est au cœur de la zone occupée par les viking (l’Eastern settlement) entre 986 et 1450 cal. AD. Le but premier...

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Bibliographic Details
Published in:Les Nouvelles de l'archéologie
Main Authors: Gauthier, Emilie, Bichet, Vincent, Massa, Charly, Guillemot, Typhaine, Millet, Laurent, Petit, Christophe, Richard, Hervé
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: Editions de la maison des sciences de l'homme 2015
Subjects:
lac
Online Access:http://journals.openedition.org/nda/3135
Description
Summary:Depuis 2006, une équipe constituée de paléoenvironnementalistes du laboratoire Chrono-environnement de Besançon travaille sur les séquences lacustres du sud du Groenland. Le secteur étudié est au cœur de la zone occupée par les viking (l’Eastern settlement) entre 986 et 1450 cal. AD. Le but premier de cette étude était de mettre en évidence l’impact de cette colonisation sur un environnement vierge. L’étude des paramètres biotiques (grains de pollen, microfossiles non polliniques et diatomées) et abiotiques (sédimentologie, géochimie et isotopes) a été étendue à l’ensemble de certaines séquences afin de replacer la partie viking dans son contexte holocène. Cinq missions de terrain ont permis de collecter une vingtaine de séquences lacustres. La séquence sédimentaire prélevée dans le lac d’Igaliku (N61°00’22”, W45°26’28), à côté du site médiéval de Garðar débute aux environs de 8000 cal. BC et l’enregistrement pollinique commence à partir de 6100 cal. AD elle fait partie des rares séquences complètes et bien datées (28 dates radiocarbone) de ce secteur subarctique. La première moitié de l’Holocène, jusque vers 2500 cal. BC, est marquée par un couvert végétal dominé par le genévrier et le saule. Ensuite l’apparition des conditions plus humides du Néoglacial favorise l’essor du bouleau glanduleux, puis du bouleau pubescent. Dès la fin du premier millénaire après Jésus-Christ, la colonisation viking est marquée par une pression pastorale qui se traduit par l’augmentation brutale des taux de spores de champignons coprophiles, la diminution des pourcentages de bouleau et l’apparition de plantes importées comme l’oseille, le bouton d’or ou le pissenlit. Le développement de ces activités agropastorales entraine une érosion modérée des sols mais les diatomées montrent que le système lacustre n’est en rien affecté par ces changements. Dès 1300 cal. AD la pression pastorale et l’érosion diminuent, données corroborées par l’archéologie. À l’orée du Petit Âge Glaciaire, les viking se tournent vers une alimentation tirée de ...