« Au-delà d’un simple divertissement » : les effets symboliques de la pratique des jeux de ficelle chez les Inuit
La réalisation de figures à partir d’une boucle de ficelle fut souvent présentée, au tournant du xxe siècle, comme une activité hautement élaborée dans diverses sociétés autochtones étudiées par les premiers anthropologues. La pratique des « jeux de ficelle » (cat’s-cradle) telle que documentée alor...
Published in: | Journal de la société des américanistes |
---|---|
Main Author: | |
Format: | Article in Journal/Newspaper |
Language: | French |
Published: |
Journal de la Société des américanistes
2024
|
Subjects: | |
Online Access: | https://doi.org/10.4000/jsa.22824 https://journals.openedition.org/jsa/22824 |
Summary: | La réalisation de figures à partir d’une boucle de ficelle fut souvent présentée, au tournant du xxe siècle, comme une activité hautement élaborée dans diverses sociétés autochtones étudiées par les premiers anthropologues. La pratique des « jeux de ficelle » (cat’s-cradle) telle que documentée alors dans des sociétés « eskimos » (inuit) fut plus particulièrement analysée comme un exemple-type de la « portée magique » ou de la « signification religieuse » potentiellement associée à cette activité dans des contextes non occidentaux. Fondé sur une étude de l’ethnographie classique relative à différents groupes de l’aire inuit, et sur des données issues d’enquêtes menées au xxie siècle dans des communautés inuit de l’Arctique oriental canadien, cet article propose d’interroger plus avant les champs d’expression d’une efficacité rituelle ou symbolique attribuée à cette activité dans des sociétés inuit préchrétiennes. Les incidences sur l’ordre cosmique/météorologique, sur la relation au gibier et aux ancêtres, de même que les références au registre de l’action chamanique, sont analysées ici au regard de plusieurs principes d’action caractéristiques de cette pratique. Anthropologists and ethnographers who observed the making of string figures in various indigenous societies at the turn of the 20th century often described this practice as highly elaborate. String figure-making as performed in “Eskimo” (Inuit) societies was more particularly analyzed as a prime example of the “magical” or “religious” significance that could be attributed to such a practice in non-western contexts. Building both on the study of classical ethnography relating to different groups of the “Inuit area,” and on fieldwork carried out in Inuit communities of the eastern Canadian Arctic in the 2000s-2010s, this paper examines the forms of the ritual or symbolic efficacy ascribed to string figure-making in pre-Christian Inuit societies. Several modes of action involved in this practice are thus considered here in view of the idea of impacts on ... |
---|