Patrimoine mobilier : entre colonialisme et orientalisme

Au XVIIe siècle la France établit des colonies de plantation dans les îles de la Caraïbe et de l’Océan indien. En l’espace de cinquante ans celles-ci devinrent d’importants sites de commerce qui fournissaient des matières premières et des denrées agricoles de grande valeur. Mais malgré leur importan...

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Published in:In Situ
Main Author: Dobie, Madeleine
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: Ministère de la culture 2013
Subjects:
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spelling ftopenedition:oai:revues.org:insitu/10270 2023-05-15T18:49:53+02:00 Patrimoine mobilier : entre colonialisme et orientalisme Dobie, Madeleine 2013-03-18 http://insitu.revues.org/10270 fr fre Ministère de la culture In Situ urn:doi:10.4000/insitu.10270 http://insitu.revues.org/10270 info:eu-repo/semantics/openAccess acajou marqueterie Antilles meubles bois tropicaux monde atlantique colonies colonisation Orient orientalisme créole esclavage esclave culture matérielle laque ébène traite négrière Mahogany marquetry Caribbean furniture tropical hardwoods Atlantic world colonization orientalism creole slavery slave material culture lacquer ebony slave trade info:eu-repo/semantics/article article 2013 ftopenedition https://doi.org/10.4000/insitu.10270 2017-03-10T18:17:24Z Au XVIIe siècle la France établit des colonies de plantation dans les îles de la Caraïbe et de l’Océan indien. En l’espace de cinquante ans celles-ci devinrent d’importants sites de commerce qui fournissaient des matières premières et des denrées agricoles de grande valeur. Mais malgré leur importance économique et stratégique les colonies furent peu présentes dans les discours et débats publics. Une représentation soutenue des colonies aurait mis en lumière le système de l’esclavage et rendu impérative une prise de position pour ou contre une institution considérée comme économiquement avantageuse mais moralement condamnable. Ce ne fut que dans les dernières décennies du XVIIIe siècle, lorsque le discours abolitionniste appuyé par des arguments économiques prit son élan, que les colonies et l’esclavage devinrent des sujets de représentation dans des domaines tels que la littérature, la philosophie et la culture matérielle. Le silence relatif qui enveloppait les colonies prenait plusieurs formes. À côté de l’absence de discours au sens strict il y eut des processus de déplacement vers des sujets apparentés à la colonisation mais jouissant d’une plus grande visibilité, notamment l’exotisme oriental et le thème du bon sauvage. De tels transferts s’opéraient dans la culture visuelle et matérielle ainsi que dans la littérature et les débats politiques, entre autres, dans le domaine du mobilier. Aux XVIIe et XVIIIe siècles le mobilier français a subi une transformation radicale grâce à l’importation de bois précieux et d’autres matières tropicales des Antilles et de l’Océan indien. Mais cette transformation ne donna pas naissance à un exotisme tropical ou colonial. On peut, en revanche, identifier des processus de substitution par lesquels des matières premières coloniales – bois d’acajou et d’ébène, écaille et palissandre – furent transformées en des marchandises satisfaisant le goût ‘orientaliste’ de l’époque : sofas et ottomanes, commodes ornées de laques asiatiques, chaises aux motifs égyptiens. Au XVIIIe siècle ... Article in Journal/Newspaper Élan Esclave* OpenEdition Rendu ENVELOPE(-67.059,-67.059,-67.449,-67.449) In Situ 20
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