Chapitre II. Morts et barus’i dans la mythologie

Des mythes développent la conception des relations entre vivants et morts exposée au chapitre précédent. Ils précisent que les défunts récents peuvent être ranimés mais qu’il est impossible de ramener à la vie un mort ayant intégré la société des défunts. Ils indiquent que le chamane des vivants ne...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Études mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines
Main Author: Lambert, Jean-Luc
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: Centre d'Etudes Mongoles & Sibériennes / École Pratique des Hautes Études 2009
Subjects:
Online Access:http://emscat.revues.org/1377
Description
Summary:Des mythes développent la conception des relations entre vivants et morts exposée au chapitre précédent. Ils précisent que les défunts récents peuvent être ranimés mais qu’il est impossible de ramener à la vie un mort ayant intégré la société des défunts. Ils indiquent que le chamane des vivants ne peut en aucun cas prendre une épouse chez les défunts. Ils mettent en évidence que le chamanisme nganassane est sous-tendu par un système d’échange. D’autres mythes associent barus’i et vivants. Ils montrent un barus’i s’échappant par une coupure au doigt. (Selon une version, cette moitié d’homme protectrice devient même la divinité qui défend les Nganassanes contre le « Dieu russe ».) Ceci évoque la particularité des gants chamaniques gauches, qui n’ont que trois doigts, peut-être pour que les chamanes puissent libérer leur souffle vital – comme le font les défunts dont les doigts seraient sectionnés en arrivant dans le monde des morts. Par ailleurs, la divinité nénètse des morts et de la maladie est, elle aussi, parfois représentée sous forme de moitié d’homme. Tout ceci conduit à élaborer une hypothèse sur cette figure syncrétique du panthéon nénètse. Certain myths develop further the way relations between the living and the dead are conceived of, as shown in the preceding chapter. These myths make clear that the recently deceased may be revived, but that it is impossible to resuscitate a dead man already incorporated into the society of the dead. They indicate that the shaman of the living can never take for wife a dead woman. They show that an exchange system underlies Nganasan shamanism. Other myths associate the barus’i with the living. These have a barus’i fleeing through a finger-cut. (According to one version, this half-man even becomes the divinity protecting the Nganasans from the “Russian God”.) This recalls a particularity of left-hand shamanic gloves, which have only three fingers, perhaps so that the shamans might release their breath of life—like the recently deceased who are supposed to have their ...