Les langues dans un miroir déformant

Cet article traite de l’évaluation de la vitalité des langues sur la base des recensements. Il se concentre sur la situation des langues finno–ougriennes à la lumière du dernier recensement russe, que les auteurs comparent avec leur expérience de terrain dans des communautés oudmourtes et nénetses....

Full description

Bibliographic Details
Published in:Études finno-ougriennes
Main Authors: Toulouze, Eva, Vallikivi, Laur
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: INALCO 2016
Subjects:
Online Access:http://efo.revues.org/4906
Description
Summary:Cet article traite de l’évaluation de la vitalité des langues sur la base des recensements. Il se concentre sur la situation des langues finno–ougriennes à la lumière du dernier recensement russe, que les auteurs comparent avec leur expérience de terrain dans des communautés oudmourtes et nénetses. La comparaison des deux derniers recensements (2002 et 2010) révèle sans exceptions une chute impressionnante en valeur absolue de toutes les langues finno–ougriennes : en huit ans, le nombre de leurs locuteurs a baissé entre 30 et 50 %, voire davantage. Nous nous interrogeons sur cette chute statistique extrêmement rapide : est–il question des processus d’assimilation qui sont de notoriété publique, ou bien de spécificités méthodologiques des recensements, de leurs changements d’une fois sur l’autre ou encore de la qualité variable de leur organisation ? Il est vrai que toutes les informations qualitatives révèlent parmi les Finno–ougriens de Russie un changement de langue rapide. En même temps, en matière de langue, les chiffres des recensements provoquent un effet de miroir déformant, de sorte que sans études sociolinguistiques locales il est impossible de savoir de quel ordre est la déformation. Les chiffres des micro–bases de données du recensement et les informations de terrain permettent de montrer que les grandes généralisations en matière de connaissance et d’usage réels des langues les recensements sont d’une fiabilité discutable. The article focuses on the issue of how to evaluate the vitality of languages based on national censuses. The authors analyse the situation of Finno–Ugric languages in Russia by comparing the latest All–Russian census data with their own impressions from repeated fieldwork in particular Udmurt and Nenets communities. As the data from the two last censuses (2002 and 2010) show, the numbers of Finno–Ugric speakers have severely plummeted: during these eight years the loss has been on average from a third to half, and sometimes even more. We enquire whether this statistical decline ...