Interactions entre la végétation épigée d’une Luzernière et des populations enclose ou non enclose de Microtus arvalis pallas

L’expérimentation traitée dans cet article avait pour but d’une part l’étude de l’évolution d’une population naturelle de Microtus arvalis isolée dans son propre milieu par une clôture métallique, et d’autre part l’examen des interactions entre la végétation et les Campagnols. L’ensemble du travail...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Spitz, F.
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: Société nationale de protection de la nature et d'acclimatation de France, Paris (FRA) 1968
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/2042/58919
Description
Summary:L’expérimentation traitée dans cet article avait pour but d’une part l’étude de l’évolution d’une population naturelle de Microtus arvalis isolée dans son propre milieu par une clôture métallique, et d’autre part l’examen des interactions entre la végétation et les Campagnols. L’ensemble du travail a été réalisé dans les polders du sud de la Vendée entre le 1" juin et le 15 octobre 1966. Le milieu végétal a été étudié quantitativement par la méthode des quadrats tondus à ras. Quatre secteurs différents étaient considérés : A 1, fauché en début d’expérience et à l’abri des Campagnols, A 2, A3 et A4, également à l’abri des Campagnols et non fauchés en début d’expérience, B. constitué par l’enclos avec Campagnols, également non fauché, et enfin la luzernière extérieure à l’enclos fauchée en début d’expérience. L’évolution des biomasses végétales est présentée à la figure 3 (voir aussi tableaux 2 et 3). On voit que les secteurs fauchés présentent une très forte augmentation de biomasse et non les autres. En outre les proportions des diverses parties de la végétation et les nombres de tiges vivantes par m2 sont très variables d’un secteur à l’autre. Au début de l’expérience, il y avait 6 Campagnols sur les 400 m2 de l’enclos B, soit l’équivalent de 150 individus par hectare, alors qu’à l’extérieur la densité initiale était environ de 25 par ha. Les comparaisons de densité et de structure ont donc été faites de préférence entre la population de l’enclos et celle d’une autre luzernière où la densité au 1" juin était également de 150 par ha. La figure 5 montre l’évolution des densités : l’augmentation, entre juillet et octobre, a été nettement plus rapide dans l’enclos, ce qui est logique puisque la population était « enfermée ». Mais c’est surtout la structure de la population enclose qui présente des caractères intéressants (voir figures 6 et 7) : la structure par sexe montre que le nombre de mâles sexuellement actifs tend à atteindre, dans l’enclos, une limite supérieure qui correspond aux plus fortes densités de mâles actifs jamais constatées dans les conditions naturelles. Mais le nombre de mâles inactifs est lui maintenu à un niveau relativement faible, même en fin d’expérience, alors que ce nombre est constamment croissant dans les populations non encloses. Ceci fait supposer un processus d’élimination mutuelle des mâles jouant surtout au détriment des jeunes. D’ailleurs, malgré l’intensité reproductrice amenée par la forte densité des mâles actifs, l’élevage des jeunes paraît avoir un succès moindre dans l’enclos, sans doute par suite du dérangement des femelles allaitantes par les mâles. Les interactions entre la végétation et les populations de Campagnols sont étudiées après calcul de la production végétale ainsi que de la récolte et la consommation de végétaux par les Campagnols dans chaque secteur. Le tableau 5 rassemble ces résultats et permet de juger de Y impact quantitatif global de chaque population de Campagnols sur son milieu végétal. Celui-ci peut être considéré comme très faible dans la luzerne extérieure, car la récolte totale effectuée par les Campagnols y est bien inférieure à la production totale et ne paraît pas l’avoir influencée notablement, puisqu’un secteur lui aussi fauché mais sans Campagnols montre la même production totale. Par contre, dans l’enclos avec Campagnols l’impact quantitatif est catastrophique car une population en augmentation excessive, privée de ses facteurs limitants normaux, s’est trouvée en face d’une production végétale très faible — ce qui fait qu’elle a largement attaqué le « capital », c’est-à-dire la biomasse initiale. Dans les conditions naturelles, même en l’absence d’un effet quantitatif notable, il y a un très important effet qualitatif des populations de Campagnols sur leur milieu : c’est ce que montre l’étude de la structure de la végétation dans les différents secteurs. En présence de Campagnols on trouve des tiges vivantes moins nombreuses et plus lourdes mais caractérisées par un rapport feuilles/tiges plus faible que là où ils sont absents. En pratique cela revient à dire que les Campagnols, par leurs récoltes, finissent par laisser en place uniquement les tiges les plus grosses, les plus rameuses et les moins feuillées. Ils empêchent aussi le flétrissement sur pied d’une partie de cette végétation, ce qui constitue une « compensation fourra gère » non négligeable. Une population excessive comme celle de l’enclos pousse à l’extrême le « vieillissement » de la population végétale, peut détruire totalement la biomasse de feuilles et amène en outre la mort sur pied d’un grand nombre de plantes, sans doute par action des creusements multiples de terriers sur les appareils radiculaires de la luzerne. Dans la nature une action aussi poussée n’est observée que dans des conditions de grande sécheresse et de très forte pullulation (sur tous ces points, voir le tableau 6). Enfin on s’aperçoit que les Campagnols sont de très mauvais utilisateurs des matières azotées végétales : sur 350 000 g/ha consommés par les Campagnols de l’enclos B en quatre mois, 322 000 g/ha ont été rendus à l’écosystème par les excréments et seulement 16 000 g/ha par les cadavres, tandis que 12 000 g/ha se trouvaient stockés dans les Campagnols vivant en fin d’expérience. La figure 9 résume les bilans de matière au cours de l’expérience dans les quatre secteurs. From June 1st to October 15, 1966 the net alfalfa production and the densities and structures of two natural populations of Common Voles have been studied in Vendée, Western France. The areas compared, all located in the same area, were : (1) an enclosed alfalfa field harboring a vole population whose density was 150 voles/ha at the beginning of the experiment, and (2) a second open alfalfa field where a vole population of the same density lived. Another field (Al-4) free of voles was used as a control area. The increase in population density was greater in the enclosed quadrat than in the non-enclosed field, due to emigration impedi ment. In the enclosure the seasonal increase of sexually active males was much greater than in the control area, while sexually inactive males remained much scarcer. Similarly, the number of lactating females increased continuously in the enclosure, whereas their numbers dropped in early autumn in the control field. However the production of young voles remained smaller in the enclosure than in the control area throughout the summer. The causes of this reproductive failure are discussed. The trophic impact of the vole population upon the alfalfa production is small in the non-enclosed field as shown by the comparison of the standing crop biomasses with those of the vole- free enclosures. But the voles exert a strong influence on the quality of the vegetation : when present the alfalfa stems are less numerous but thicker, and the ratio leaves/stems is smaller. The ecological efficiency of the Common vole is poor. Out of 350.000 g/'ha of alfalfa eaten during 4 months within the enclosure, only 12.000 g/ha were « invested » into the vole popu lation at the end of the experiment.