Politique du son et des sentiments : Musique et radio à Nain, Nunatsiavut

Cet article traite de questions liées à la représentation et à l’expression du soi dans une communauté inuit du Labrador en se basant sur trois chansons de style country composées localement et fréquemment demandées et diffusées sur les ondes de la radio communautaire. La motivation politique, insuf...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Anthropologie et Sociétés
Main Author: Artiss, Tom
Format: Text
Language:French
Published: Département d’anthropologie de l’Université Laval 2019
Subjects:
Soi
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/1060875ar
https://doi.org/10.7202/1060875ar
Description
Summary:Cet article traite de questions liées à la représentation et à l’expression du soi dans une communauté inuit du Labrador en se basant sur trois chansons de style country composées localement et fréquemment demandées et diffusées sur les ondes de la radio communautaire. La motivation politique, insuffisamment mise en valeur, sous-jacente aux « structures de sentiment » de Raymond Williams permet de corriger le déséquilibre discursif qui privilégie les formes « authentiques » par rapport aux formes euroaméricaines inuit. Mesurer la culture en termes d’expérience vécue plutôt qu’en termes de formes symboliques distinctes, comme le propose Williams, constitue la base pour identifier le substrat de continuités affectives qui perdurent alors que des formes plus tangibles s’érodent ou disparaissent. Des affectivités inuit distinctes qui s’attachent aux formes musicales non inuit sont à leur tour diffusées et partagées par la radio. Dans le paysage radio auditif-affectif qui en résulte, la portée affective d’une chanson est convertie en structures de sentiment sonore par l’interaction réflexive entre subjectivités émotionnelles individuelles et collectives. This paper discusses issues related to self-representation and expression in a Labrador Inuit community with reference to three locally-composed country-style songs frequently requested and played on the air by the community radio station. An under-discussed political impetus behind Raymond Williams’ « structures of feeling » helps redress a discursive imbalance that privileges « authentic » forms over Inuitized Euro-American ones. Measuring culture in terms of lived experience rather than discrete symbolic forms in the way Williams proposes is the basis for considering a substrate of affective continuities that persist even when more tangible forms erode or die out. Distinct Inuit affectivities that stick to non-Inuit musical forms are, in turn, circulated and shared via radio. In the resulting curated aural-affective radioscapes, a song’s affective potency is ...