Pénétration, dévoration, métamorphoses, adoption : Modalités d’interactions entre les Inuits et les « petites bêtes » (qupirruit)

Cet article s’attache à éclairer les rapports que les Inuits entretiennent avec les « petites bêtes » qupirruit, en confrontant les textes de tradition orale avec les données ethnozoologiques et linguistiques recueillies sur le terrain. Comparée aux autres catégories taxinomiques inuites, la catégor...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Recherches amérindiennes au Québec
Main Author: Randa, Vladimir
Format: Text
Language:French
Published: Recherches amérindiennes au Québec 2017
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/1048600ar
https://doi.org/10.7202/1048600ar
Description
Summary:Cet article s’attache à éclairer les rapports que les Inuits entretiennent avec les « petites bêtes » qupirruit, en confrontant les textes de tradition orale avec les données ethnozoologiques et linguistiques recueillies sur le terrain. Comparée aux autres catégories taxinomiques inuites, la catégorie qupirruit est très hétérogène, comprenant les insectes mais aussi des vers et des araignées, et même certains petits crustacés. Le contraste est saisissant entre l’absence des « petites bêtes » du domaine de la subsistance et leur présence (re)marquée dans l’imaginaire collectif qui les fait interagir avec les humains, en s’inspirant de certains éléments empiriques. Les rapports des qupirruit avec les humains sont pensés pour l’essentiel en termes d’agression physique. Celle-ci prend la forme du parasitisme mais surtout de la pénétration et de la dévoration des humains, même dans un contexte aussi spécifique que l’adoption. Le corps humain s’avère être également un terrain privilégié où des qupirruit se transforment en d’autres qupirruit. Tout cela concourt à susciter chez les Inuits des sentiments de frayeur et de répulsion. This article examines the relations between the Inuit and qupirruit “creepy-crawlies”, by comparing oral tradition texts with ethnozoological and linguistic data collected in the field. In comparison to the other Inuit taxonomic categories, the category qupirruit is highly heterogeneous and includes insects as well as worms and spiders, and even some small crustaceans. The contrast is striking between the absence of “creepy-crawlies” from the subsistence domain and their remarkable presence in the collective imagination which portrays them as interacting with humans, inspired by various empirical facts. Relations between qupirruit and humans are mostly construed in terms of physical aggression. This aggression can take on the form of parasitism, but pertains more often to the penetration and devouring of humans, even in specific contexts such as adoption. The human body is also seen as ...