Sur la frontière : Les Salish du littoral et l’érosion de la souveraineté

En cette ère de déclin de la capacité de l’État à contrôler ses frontières, l’une des solutions a consisté à créer des « spectacles de pouvoir », à savoir des murs et barrières fortifiés. Sur le territoire des Salish du littoral en Colombie-Britannique et dans l’État de Washington, ces barrières ont...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Anthropologie et Sociétés
Main Author: Granville Miller, Bruce
Format: Text
Language:French
Published: Département d’anthropologie de l’Université Laval 2016
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/1037516ar
https://doi.org/10.7202/1037516ar
Description
Summary:En cette ère de déclin de la capacité de l’État à contrôler ses frontières, l’une des solutions a consisté à créer des « spectacles de pouvoir », à savoir des murs et barrières fortifiés. Sur le territoire des Salish du littoral en Colombie-Britannique et dans l’État de Washington, ces barrières ont entravé les déplacements légaux des peuples autochtones. En me basant sur un travail de terrain et sur ma participation en tant qu’expert et témoin, je me concentre sur deux cas d’impacts négatifs sur les Premières Nations. Le premier concerne un homme des Premières Nations arrêté par la Sécurité intérieure américaine et des agents fédéraux pour avoir pêché dans des eaux américaines qui se trouvaient faire partie des lieux de pêche historiques de sa nation. Le second concerne une communauté frontalière dont le Conseil utilise la frontière comme un moyen d’enlever toute reconnaissance légale à 306 de ses propres membres. Ces histoires traduisent une contestation désorganisée de l’État et des autorités tribales légitimes, qui tous affirment leur primauté sur un autre tenu pour quantité négligeable. Cela a eu pour conséquence de rendre plus répressives les régions frontalières des Salish du littoral. In an era of declining state ability to control its borders one response has been to create « spectacles of power », fortified walls and barriers. In the Coast Salish territories of British Columbia and Washington State, these barriers have impeded legal movement of Indigenous people. Building on fieldwork and participation as an expert witness, I focus on two instances of adverse impact on First Nations. The first concerns a First Nations man arrested by Homeland Security and state officials for fishing in US waters which are within his nation’s historic fish grounds. The other concerns a border community whose council uses the device of the border to withdraw legal recognition from 306 of its own members. These stories reveal a disorganized contest of state and tribal legal authorities, all asserting their priority, largely oblivious to the other. The consequence is the Coast Salish borderlands have become more repressive. En esta era de decadencia de la capacidad del Estado para controlar sus fronteras, una de las soluciones ha consistido en crear « espectáculos de poder », es decir, muros y barreras fortificadas. En el territorio de los Salish de la costa de Columbia británica y del Estado de Washington, dichas barreras han obstaculizado los desplazamientos legales de los pueblos autóctonos. Basándome en un trabajo de campo y en mi participación en tanto que experto y testigo, me concentro en dos casos de impactos negativos sobre las Primeras Naciones. El primero concierne a un hombre de las Primeras Naciones detenido por la Seguridad interior americana y agentes federales por haber pescado en aguas americanas que forman parte de los sitios ancestrales de pesca de su nación. El segundo trata de una comunidad fronteriza cuyo Consejo utiliza la frontera como medio para despojar de todo reconocimiento legal a 306 de sus propios miembros. Estas historias traducen una protesta desorganizada del Estado y de las autoridades tribales legítimas, quienes afirman su primacía sobre otro considerado como cantidad insignificante. La consecuencia de esto ha sido que las regiones fronterizas de los Salish del litoral se han vuelto cada vez más represivas.