Les rennes d’Amadjuak : Éleveurs saamis et chasseurs inuits en Terre de Baffin (1921-1925)

Cet article décrit et reconstruit l’introduction de l’élevage de rennes à Amadjuak, en Terre de Baffin, en 1921. L’opération a mobilisé plusieurs familles de Saamis, ainsi que des Inuits recrutés au dernier moment pour aider ces familles et prendre la relève au départ de ces dernières. Elle se solde...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Recherches amérindiennes au Québec
Main Authors: Laugrand, Frédéric B., Oosten, Jarich G.
Format: Text
Language:French
Published: Recherches amérindiennes au Québec 2015
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/1035165ar
https://doi.org/10.7202/1035165ar
Description
Summary:Cet article décrit et reconstruit l’introduction de l’élevage de rennes à Amadjuak, en Terre de Baffin, en 1921. L’opération a mobilisé plusieurs familles de Saamis, ainsi que des Inuits recrutés au dernier moment pour aider ces familles et prendre la relève au départ de ces dernières. Elle se solde cependant par un cuisant échec, les derniers rennes étant finalement mangés par les loups et par les chiens. À partir de sources écrites – en particulier le journal du poste de la Hudson’s Bay Company – et de sources orales, les auteurs évoquent les raisons de cette issue dramatique et s’arrêtent plus particulièrement sur la difficulté de transformer des chasseurs en éleveurs, la chasse et l’élevage relevant de schèmes contrastés. Ils soulignent finalement que, pour les Inuits, le caribou demeure aussi associé aux esprits ijirait et aux défunts, une connexion qui ne s’applique jamais aux rennes importés par les Qallunaats. This paper describes and analyses the introduction of reindeer herding in Amadjuak, on Baffin Island, in 1921. The operation involved several Saami families and Inuit, hired at the last moment to help the Saami and take over reindeer herding. But the operation resulted in a failure and all the reindeer died, many of them eaten by wolves and dogs. Using archival sources – and more particularly the journal of the Hudson’s Bay Company agent – as well as oral sources, the authors evoke the reasons explaining this dramatic experience. They emphasize the difficulty of transforming hunters into herders, these two activities being connected with quite different perspectives of the relationships between human beings and animals. Finally they stress the fact that among Inuit, the caribou is often associated with the deceased and with spirits (ijirait), a connection that is never made with respect to the reindeer imported by the qallunaat. Este artículo describe y reconstruye la introducción de la cría de renos en Amadjuak en Tierra de Baffin en 1921. La operación movilizó a varias familias Saami e Inuit, reclutadas de último momento para ayudar a sus familias y tomar el relevo. Se esperaba que los Inuit aceptarían trabajar como criadores, sin embargo la aventura terminó en un fracaso amargo, los últimos renos fueron comidos por los lobos y perros. Utilizando varias fuentes escritas – especialmente el diario local de la Compañía de Hudson-Bay –, y testimonios orales, los autores sugieren las razones de por qué esta aventura resultó en un fracaso, adentrándose en la dificultad de transformar cazadores en criadores, la caza y la ganadería resultan ser dos esquemas culturales de contrastes. Finalmente los autores destacan que para los Inuit, el caribú permanece asociado, por un lado, a la figura de los ijirait (espíritus invisibles de las montañas) y por otro a los muertos, una conexión que no se puede aplicar a los renos importados por los Qallunaat (los Blancos).