La vie est un sac rempli d’air : Polysémie de pooq et autres notions associées

L’auteure aborde les significations littérales et métaphoriques de l’inuit pooq ou puuq et des objets qui y sont associés et montre qu’elles interagissent de la même manière dans les rituels entre le monde visible et les mondes invisibles de la cosmologie inuit. Ce parallèle donne l’occasion de reme...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Anthropologie et Sociétés
Main Author: Sonne, Birgitte
Format: Text
Language:French
Published: Département d'anthropologie de l'Université Laval 2007
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/018374ar
https://doi.org/10.7202/018374ar
Description
Summary:L’auteure aborde les significations littérales et métaphoriques de l’inuit pooq ou puuq et des objets qui y sont associés et montre qu’elles interagissent de la même manière dans les rituels entre le monde visible et les mondes invisibles de la cosmologie inuit. Ce parallèle donne l’occasion de remettre en question la théorie de la perspective somatique de Viveiros de Castro, qui correspond parfaitement bien, à d’autres égards, à la situation inuit. Littéralement, pooq signifie sac, abri, poche des eaux et, métaphoriquement dans la langue des esprits, « mère », de l’est du Groenland au nord de l’Alaska. Les sacs remplis d’air, faits d’intestins en particulier, abondent dans les rituels esquimaux, mais on ne retrouve ni « mère », ni sac, ni abri, ni poche des eaux dans les rituels et les mythes de l’est du Groenland autour de l’accession au statut d’angakkoq puulik (chamane avec pooq). Pour ce qui est des rituels d’initiation, l’auteure constate que les ours polaires et les morses que l’on retrouve dans d’autres mythes font partie d’une constellation de notions gravitant autour de celle du pooq, parmi lesquelles figurent les intestins et les armes du phoque barbu durant la période correspondant au milieu de l’hiver. Les connotations associées aux multiples objets autrefois fabriqués à partir de membranes intestinales de phoque barbu s’avèrent être les mêmes que dans les rituels. L’attirail du phoque barbu offre une protection spirituelle et permet l’établissement de relations et les déplacement entre ce monde et les autres. À cet égard, les connotations relatives au phoque barbu révèlent qu’un mélange s’est opéré entre l’initiation du puulik et le symbolisme de la renaissance dans la vie, dans le temps et dans l’espace. Literal and metaphoric meanings of Inuit pooq/puuq and associated objects are treated and shown to interact in ways that apply also to the interaction through ritual between the visible world and the invisible ones of Inuit cosmology. Such mergings give occasion for a discussion of Viveiros de Castro’s theory of somatic perspective, which in other respects fits the Inuit case perfectly well. Literally pooq means bag, cover, caul and, as a metaphor “mother”, i.e. in the spirit languages from East Greenland to North Alaska. Airfilled bags, intestinal ones in particular, abound in Eskimo ritual, but the East Greenland ritual and myth of becoming an angakkoq puulik (shaman with pooq) does not reveal any “mother”, bag, cover, or caul. Treating the initiators, polar bear and walrus also in other myths, they turn out to be part of a “pooq complex” that includes the intestines and weapon of bearded seal in a mid-winter context. Pursuing the connotations of the multiple objects formerly made of bearded seal intestines they turn out to be the same in ritual. Bearded seal paraphernalia offers spiritual protection and permits connection with and movement between this and the other worlds. In this light bearded seal connotations reveal a merging of the puulik initiation and the symbolism of rebirth in life, in time, and in space. La autora aborda las significaciones literales y metafóricas de los inuit pooq o puuq y de los objetos que están asociados y muestra que interactúan de la misma manera en los ritos entre el mundo visible y los mundos invisibles de la cosmología inuit. Ese paralelo ofrece la oportunidad de cuestionar la teoría de la perspectiva somática de Viveiros de Castro, que corresponde bastante bien, en ciertos aspectos, a la situación inuit. Literalmente, pooq significa bolsa, refugio, bolsa de agua y, metafóricamente en la lengua de los espíritus, «madre» del este de Groenlandia al norte de Alaska. Las bolsas llenas de aire, hechos de intestinos en particular, abundan en los rituales esquimales, pero no se encuentra ni «madre», ni saco, ni refugio, ni bolsa de agua en los rituales y los mitos del este de Groenlandia al rededor del ascenso al estatus de angakkoqpuulik (chaman con pooq). En lo que respecta a los ritos de iniciación, la autora constata que los osos polares y las morsas que se encuentran en otros mitos forman parte de una constelación de nociones que gravitan al rededor de la del pooq, entre las cuales figuran los intestinos y las armas de la foca barbuda durante el periodo correspondiente a la mitad del invierno. Las connotaciones asociadas a los múltiples objetos antiguamente fabricados con membranas intestinales de la foca barbuda ofrecen una protección espiritual y permiten establecer relaciones y desplazarse entre este mundo y los otros. Al respecto, las connotaciones relativas a la foca barbuda muestran que una mezcla se opera entre la iniciación del puulik y el simbolismo del renacimiento en la vida, en el tiempo y en el espacio.