La nuit inuit. Éléments de réflexion

Alors que les ethnographes ont de tout temps eu l’attention retenue par l’hiver et l’été arctiques, justifiant par des caractéristiques climatiques «extrêmes» leurs analyses souvent déterministes des modes de vie inuit qu’ils ont décrits, ils ont en revanche peu écrit sur la nuit vécue au quotidien...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Études/Inuit/Studies
Main Author: Bordin, Guy
Format: Text
Language:French
Published: Association Inuksiutiit Katimajiit Inc. 2002
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/009272ar
https://doi.org/10.7202/009272ar
Description
Summary:Alors que les ethnographes ont de tout temps eu l’attention retenue par l’hiver et l’été arctiques, justifiant par des caractéristiques climatiques «extrêmes» leurs analyses souvent déterministes des modes de vie inuit qu’ils ont décrits, ils ont en revanche peu écrit sur la nuit vécue au quotidien et ses représentations. La nuit inuit reste méconnue. Dans le présent article, notre objectif principal est de proposer quelques éléments de réflexion susceptibles de conduire à une perception renouvelée de cette période du nycthémère. Pour ce faire, nous confrontons des écrits d’Inuit originaires de l’Arctique oriental canadien à ce que nous enseignent les récits ethnographiques classiques et des études ethnologiques plus récentes. Au-delà de la mise en évidence d’une série de paradoxes (ou apparaissant comme tels), nous cherchons à montrer qu’une vision simplificatrice — la longue huit hivernale versus le bref été lumineux — n’a que peu à voir avec le vécu et les représentations inuit. Il s’agit plus généralement de contribuer à faire de la nuit un objet anthropologique. Although early ethnographers paid attention to arctic winters and summers while using "extreme" climatic characteristics of the Arctic in their often deterministic descriptions and analyses of the Inuit way of life, they wrote very little about the night and its representations. Inuit night is not well known. In the present article, our main objective is to suggest elements of reflection susceptible to lead to a renewed perception of the Inuit night. To do so, we will compare narratives of Inuit from the Eastern Canadian Arctic to those collected in classic and more recent ethnographies. Beyond the identification of a series of paradoxes (or which appear as such), we will try to demonstrate that a simplified vision — the long winter night versus the brief bright summer — has little to do with the real life and representations of the Inuit. This paper contributes more generally to making the night an anthropological object.