Ce que précise la langue inuit au sujet de la remémoration

Je propose d’analyser l’un des aspects d’un nouveau « genre » de l’oralité inuit, en m’appuyant sur la série Innarnik apiqsuqattarniq/Interviewing Elders produite depuis 1999 au sein du Language and Culture Program du Nunavut Arctic College à Iqaluit. S’agissant d’une mémoire en action, sollicitée d...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Anthropologie et Sociétés
Main Author: Therrien, Michèle
Format: Text
Language:French
Published: Département d’anthropologie de l’Université Laval 2002
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/007051ar
https://doi.org/10.7202/007051ar
Description
Summary:Je propose d’analyser l’un des aspects d’un nouveau « genre » de l’oralité inuit, en m’appuyant sur la série Innarnik apiqsuqattarniq/Interviewing Elders produite depuis 1999 au sein du Language and Culture Program du Nunavut Arctic College à Iqaluit. S’agissant d’une mémoire en action, sollicitée dans un contexte institutionnel pour sauvegarder le contenu du savoir, je m’attacherai, pour mieux comprendre quelques aspects de ce mode de transmission culturelle, à des formes linguistiques significatives appartenant au champ sémantique de la mémoire. Je m’appuierai sur le lexique pour mieux saisir de quelle manière sont désignées, en inuktitut, les opérations générales liées à la mémoire (la conservation, la fonction de rappel, l’oubli, la réactivation) et tenterai de répondre aux questions suivantes : dans quelle mesure la terminologie est-elle susceptible de fournir des indices sur l’origine, le degré de rétention et de fiabilité des données mémorisées? De quels moyens expressifs dispose le locuteur pour se situer en tant que sujet? Pour développer mon propos, je tiendrai compte de l’hypothèse qui veut que la conceptualisation soit tout autant liée à des contraintes logiques universelles qu’à des contraintes culturelles. Nous verrons comment celles-ci s’expriment dans le contexte de l’actuelle transmission des savoirs. Referring to the Series Innarnik apiqsuqattarniq/Interviewing Elders produced since 1999 by the Language and Culture Program at the Nunavut Arctic College in Iqaluit, I will try to analyze a few aspects of this new oral “genre”. Taking into account the specific context of oral transmission within an institutional frame, I will focus on the way interviewed Inuit Elders speak about memory. Relying on short excerpts of their discourse concerning remembering, retaining, refreshing one’s memory, forgetting, I will try to answer the following questions: What can we learn by paying attention to the words chosen by the Elders? Which notions and concepts the terminology related to “remembering” can shed ...