Un monde-carte : pouvoir colonial et empowerment des femmes autochtones cartographes
Qui est cartographe ? Rarement des femmes, et encore moins des femmes autochtones. Dans son ouvrage sur la place des femmes en cartographie, W. C. Van den Hoonaard met de l’avant le concept de « map world » (monde-carte) de manière à saisir « la totalité des relations, normes, pratiques et technolog...
Published in: | Revue d’études autochtones |
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Main Authors: | , , |
Format: | Article in Journal/Newspaper |
Language: | French |
Published: |
Société Recherches autochtones au Québec
2021
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Subjects: | |
Online Access: | https://doi.org/10.7202/1097375ar https://doaj.org/article/c9bd2d761d7d4adabeada84a5e3f4580 |
Summary: | Qui est cartographe ? Rarement des femmes, et encore moins des femmes autochtones. Dans son ouvrage sur la place des femmes en cartographie, W. C. Van den Hoonaard met de l’avant le concept de « map world » (monde-carte) de manière à saisir « la totalité des relations, normes, pratiques et technologies qui cadrent et constituent le monde des faiseurs de cartes » (2013 : 7). Au-delà des aspects techniques de la cartographie, l’idée que le monde peut être construit, régi et expérimenté à travers les cartes nous amène à réfléchir sur les enjeux de pouvoir liés à un tel monde, mais aussi sur la capacité des individus, en particulier les femmes autochtones, à concevoir un autre univers. Dans cet article, nous proposons une analyse genrée du monde-carte tel qu’il s’est construit dans le cadre du colonialisme canadien et nous nous intéressons particulièrement à l’agentivité des femmes autochtones au sein de ce contexte. Notre analyse se décline en trois temps : nous abordons d’abord le monde colonial et l’État-nation qui se construisent, entre autres, à travers la cartographie du « Nouveau-Monde » nous analysons ensuite les cartes de Shanawdithit, connue comme la dernière représentante du peuple Beothuk pour terminer, nous évoquons comment les pratiques contemporaines de femmes autochtones cartographes contribuent à transformer le monde-carte légué par plusieurs siècles de cartographie coloniale et étatique. Transformer la carte, c’est aussi transformer le territoire et son utilisation. En conclusion, notre article vise à ouvrir de nouvelles approches décoloniales où les savoirs des femmes autochtones peuvent participer pleinement aux représentations cartographiques et, ultimement, à la reconstruction de l’espace social. |
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