Pression de sélection des barrages aquatiques sur la migration des civelles : approche moléculaire et comportementale

/ L'anguille européenne est une espèce amphihaline à migration catadrome facultative et à reproduction panmictique dans la mer de Sargasses. La dynamique de sa population est en fort déclin depuis les années 80. Parmi les facteurs qui ont pu contribuer à la disparition de l'espèce, on peut...

Full description

Bibliographic Details
Main Authors: Podgorniak, T., Daverat, F., Pierron, F., De Oliveira, E.
Other Authors: IRSTEA BORDEAUX UR EABX FRA, CNRS UNIVERSITE DE BORDEAUX UMR 5805 EPOC TALENCE FRA, EDF R&D LNHE CHATOU FRA
Format: Other/Unknown Material
Language:French
Published: 2015
Subjects:
Online Access:https://irsteadoc.irstea.fr/cemoa/PUB00046230
Description
Summary:/ L'anguille européenne est une espèce amphihaline à migration catadrome facultative et à reproduction panmictique dans la mer de Sargasses. La dynamique de sa population est en fort déclin depuis les années 80. Parmi les facteurs qui ont pu contribuer à la disparition de l'espèce, on peut citer la pollution, la surpêche et la fragmentation de l'habitat. Ce dernier est intimement lié à la construction des barrages aquatiques. En effet, les rivières aménagées créent un obstacle au déplacement des anguilles dans les deux sens, c'est-à-dire lors de leur migration de croissance (en amont) ou de reproduction (en aval). Beaucoup d'efforts ont été faits afin d'augmenter la transparence de ces ouvrages. Par exemple, la migration en amont des jeunes stades d'anguilles est facilitée par la construction des passes à civelles, dont le design est adapté à leur taille et comportement. D'une manière générale, l'évaluation de l'impact des barrages, mais aussi de l'efficacité des passes à civelles est quantitative, où seule la proportion des poissons présents dans la parte amont du barrage/passe est comparée au nombre des poissons présents au pied du barrage ou s'engageant dans la passe. Malheureusement, la variabilité entre les individus pour les traits comme la capacité de nage ou d'escalade, la motivation, l'activité ou le comportement exploratoire est rarement prise en compte dans ce contexte. Cependant, certains traits pourraient faciliter le succès de passage par les obstacles, ce qui aboutirait à une sélection Afin d'évaluer si les barrages exercent une pression de sélection sur les civelles migrantes, une étude qualitative à été réalisée sur des groupes des civelles présentes d'une part et d'autre des obstacles. Tout d'abord, une approche par puce ADN a été adoptée pour identifier sans à priori les traits différant entre les groupes amont et aval. Ensuite, les tests expérimentaux ont été réalisés afin d'associer le phénotype moléculaire (expression des gènes) au phénotype organismique (comportement). Parmi les trois tissus étudiés le muscle, le foie et le cerveau, seul ce dernier a montré des différences significatives entre les groupes amont et aval des obstacles. Les gènes surexprimés des les parties amont des barrages sont impliqués dans la régulation de la plasticité synaptique et du développement neuronal, qui à son tour sont sollicités dans les processus de cognition, apprentissage et mémorisation. Le comportement d'escalade des parois verticales, souvent effectué en dehors de l'eau, est une condition à laquelle les civelles sont soumises pour la première fois de leur vie, ce qui peut suggérer que le processus d'apprentissage s'est mis en place à ce moment précis. Un tri comportemental effectué dans les conditions expérimentales confirme en partie l'association entre l'expression des gènes de plasticité synaptique et le comportement d'escalade individuel.