Michèle Therrien (1945-2017). L’ethnographe des mots à l’écoute de la langue et de la culture inuit .
International audience Michèle Therrien (1945-2017). L'ethnographe des mots à l'écoute de la langue et de la culture inuit Frédéric Laugrand avec la collaboration de Marie Mauzé* Michèle Therrien faisait l'ethnographie des mots. Traquant leurs sens et leur histoire, pas un terme ne lu...
Main Authors: | , |
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Other Authors: | |
Format: | Article in Journal/Newspaper |
Language: | French |
Published: |
HAL CCSD
2019
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Subjects: | |
Online Access: | https://shs.hal.science/halshs-03901752 https://shs.hal.science/halshs-03901752/document https://shs.hal.science/halshs-03901752/file/jsa_2019_105-1_41_hom_laugrand_mauze.pdf |
Summary: | International audience Michèle Therrien (1945-2017). L'ethnographe des mots à l'écoute de la langue et de la culture inuit Frédéric Laugrand avec la collaboration de Marie Mauzé* Michèle Therrien faisait l'ethnographie des mots. Traquant leurs sens et leur histoire, pas un terme ne lui échappait. Ses travaux sur la néologie (1996a et b 2000a et b 1) permettent de saisir une caractéristique majeure des sociétés inuit, à savoir leur capacité à emprunter et à s'approprier de nombreux éléments culturels exogènes sans jamais se sentir menacées, comme si les Inuit parvenaient à incorporer des nouveautés sans perdre leur identité. C'est ce que Michèle Therrien entend lorsqu'elle évoque « la dynamique de la langue inuit ». Ce sera plus tard le titre d'un livre qu'elle éditera avec Nicole Tersis (Therrien et Tersis 1996), soulignant que l'Inuktitut se caractérise par « une remarquable souplesse morphologique », ce qui lui vaut le titre de « langue à transformation » (ibid., p. 26). Et lorsque Michèle Therrien examine l'écriture inuit, celle du syllabaire introduit jadis par les missionnaires wesleyens pour faciliter la diffusion du christianisme, cette même idée des transformations dans la continuité ressurgit : L'écrit, expérience sans précédent chez les Inuit… rappelle une expérience connue de tous : les traces de pas imprimées sur la neige et suivies. Tout comme une trace au sol, le signe de papier varie en fonction de sa direction, de son espacement, de sa forme, de son rythme. L'écrit, comme l'empreinte sur la neige, est tantôt lisible, tantôt illisible. Il est le résultat inanimé d'un mouvement antérieur du corps, que le discours, qui s'élabore autour de lui, ré-anime. (1989, p. 86) Cette analyse que Michèle Therrien développe dans les tribunes du Journal de la Société des américanistes (1990) éclaire en quelques mots l'attachement des Inuit au syllabaire dont on sait aujourd'hui qu'il a effectivement contribué à |
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