Tenter le métissage

International audience En ce début de XXIe siècle, il reste même quelques points du globe inexplorés, non encore foulés par l'homme, forêts impénétrables, sommets lointains, grottes inaccessibles ou profondeurs marines, derniers îlots en sursis dans la mise en réseaux généralisée de la planète....

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Gwiazdzinski, Luc
Other Authors: Pacte, Laboratoire de sciences sociales (PACTE), Université Pierre Mendès France - Grenoble 2 (UPMF)-Université Joseph Fourier - Grenoble 1 (UJF)-Sciences Po Grenoble - Institut d'études politiques de Grenoble (IEPG)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: HAL CCSD 2010
Subjects:
Online Access:https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01249699
Description
Summary:International audience En ce début de XXIe siècle, il reste même quelques points du globe inexplorés, non encore foulés par l'homme, forêts impénétrables, sommets lointains, grottes inaccessibles ou profondeurs marines, derniers îlots en sursis dans la mise en réseaux généralisée de la planète. On pense à des hauteurs du Chili, solitudes glacées du pôle Nord ou du pôle Sud, régions isolées de l'Himalaya, montagnes de Guinée ou de Kalimantan, forêts d'Amazonie ou du bassin du Congo, ou à quelques zones isolées du Venezuela. Peaux de chagrin, derniers îlots d'une géographie d'archipel, étrange fractale dont on explore les plis et les replis. Il resterait bien quelques groupes humains isolés sans contact avec l'extérieur, réfugiés dans les derniers massifs forestiers épargnés d'Amazonie ou de Nouvelle-Guinée. Oubliés de l'histoire dans un repli de l'espace-temps. De loin en loin, on nous annonce encore la découverte d'une de ces tribus inconnues. Impossible rencontre dont chacun espère sans doute tirer profit dans son groupe respectif. Si l'explorateur saura monnayer ses images, quel profit l'autochtone pourra-t-il en tirer ? On a déjà visionné le film des dizaines de fois. Comme si l'histoire avait un sens, une pente. On connaît la suite : l'impossible décalage, l'arrivée des maladies, de l'argent, les nouveaux besoins et les nouvelles dépendances. Mais faut-il pour autant empêcher l'inévitable, préserver l'inaccessible, empêcher nos semblables d'accéder à un autre bien-être ? Claude Lévi-Strauss savait bien que son travail au coeur de l'Amazonie brésilienne à la rencontre de tribus « primitives » pendant les années 1950 serait impossible aujourd'hui, tant la situation avait évolué. Que sont devenus les Bororo, les M'Baya, les Nambikwara et autres Tupi-Kawahib rencontrés et étudiés ? Disparus, décimés par les maladies ? L'avidité des hommes, la recherche des bois précieux, d'or ou de pétrole font davantage de mal que les explorateurs décriés. La forêt remplacée par une fragile prairie pour l'élevage, les ...