Réseaux de vivants, solidarités de morts. Un système symbolique en Islande

International audience Une informatrice islandaise déclarait un jour : « Mais pourquoi des étrangers font-ils tout ce chemin pour venir poser des questions aussi bêtes? C'est comme si moi j'allais en France pour interroger les gens sur. sur ce plateau de fruits par exemple! (sur la table,...

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Bibliographic Details
Main Author: Pons, Christophe
Other Authors: Institut d'ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (IDEMEC), Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Aix Marseille Université (AMU)
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: HAL CCSD 2002
Subjects:
Online Access:https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01141094
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01141094/document
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01141094/file/Halshs%20Pons%202002%20R%C3%A9seaux%20de%20vivants%20solidarit%C3%A9%20de%20morts.pdf
Description
Summary:International audience Une informatrice islandaise déclarait un jour : « Mais pourquoi des étrangers font-ils tout ce chemin pour venir poser des questions aussi bêtes? C'est comme si moi j'allais en France pour interroger les gens sur. sur ce plateau de fruits par exemple! (sur la table, face à nous, était posé un plateau avec quelques fruits). Que peut-on bien en dire? C'est un plateau rond, de couleur blanche avec deux pommes et trois bananes à l'intérieur! Et après? Il y en a dans toutes les maisons des plateaux comme ça, et pas seulement en Islande! Est-ce que ça vaut la peine de faire des milliers de kilomètres pour ça? Non! Eh bien quand tu viens nous poser des questions sur les morts et je ne sais quoi d'autre, ça revient à la même chose! Il y a des morts dans toutes les maisons comme il y a des plateaux avec des fruits. Qu'est-ce qu'on peut bien te dire de plus? D'ailleurs tu sais, les gens sont très étonnés ici de voir quelqu'un qui pose ce genre de questions, et ils se disent que t'es vraiment bizarre ». Si, pour l'ensemble européen, l'analyse des relations morts-vivants constitue désormais un dossier conséquent, il est encore des sociétés qui en demeurent absentes. C'est le cas des groupes insulaires de l'Atlantique nord et notamment de l'Islande, pour laquelle fort peu d'études rendent compte de sa place dans ce panorama des sociétés chrétiennes de l'Occident. Le fait est d'autant plus remarquable que, comme en témoigne cet extrait d'entretien, la familiarité avec les morts s'y présente comme une simple invitation d'étude pour l'ethnologue des religions. En effet, dans cette société " à lignages " , luthérienne protestante à plus de 95%, les morts partagent non seulement leur espace domestique avec les vivants mais aussi, comme nous allons le voir, n'ont de cesse de les rencontrer et d'échanger des " services " avec eux.