Description
Summary:International audience À la fin des années 60, l'idée d'une glaciation d'âge Ordovicien supérieur s'impose à la communauté des Sciences de la Terre. Des indices concordants, tout d'abord identifiés de la Mauritanie au Tchad, laissent imaginer une glaciation d'envergure comparable à l'actuel inlandsis antarctique qui aurait essentiellement touché l'Afrique du Nord et de l'Ouest alors positionnée aux hautes latitudes australes. Depuis, des dépôts glaciaires de même âge ont été reconnus plus à l'est, jusqu'en Iran et en Oman, vers le sud, jusqu'au cap de Bonne-Espérance, et vers l'ouest, sur une grande partie du continent sud-américain. Au nord, en Europe, des dépôts à galets lâchés par des glaces dérivantes sont connus du Portugal à la Bulgarie, en passant par la France (Bretagne, Normandie, Corse) des icebergs circulaient jusqu'en Pologne par de-là le paléo-océan Rhéique. C'est en fait l'ensemble du Gondwana occidental (Afrique jointe à l'Amérique du Sud) qui fut affecté par cette glaciation (fig. 1). Au Maroc, les séries sédimentaires de l'Ordovicien de l'Anti-Atlas (au sud) mais aussi de la Meseta (au nord) recèlent des archives glaciaires tout à fait exceptionnelles. On doit leur mise en évidence à J. Destombes, qui publie en 1968 deux courts articles : l'un démontre que les glaciers issus de l'actuel Sahara s'écoulaient jusqu'au Maroc l'autre apporte une donnée fondamentale quant à l'âge de cette glaciation en précisant l'âge hirnantien de son maximum d'extension, soit l'Ordovicien tout à fait terminal (âge aujourd'hui estimé autour de 444-445 millions d'années). La poursuite du programme de cartographie géologique de l'Anti-Atlas aboutira à la synthèse de 1985 qui inspira et reste encore aujourd'hui la base de nombreux programmes de recherche dédiés au Paléozoïque du Maroc en général (Voir Razin et al., ce numéro), et à l'Hirnantien glaciaire en particulier.