De la figure du Wanderer de Hermann Hesse aux ouvrages de Tesson : le vagabondage comme plongée en soi et enjeu de résistance

International audience A l’ère du temps accéléré, le voyage est à l’image d’une époque gouvernée par la vitesse telle que décrite par le philosophe Paul Virilio : une activité d’hommes pressés. Loin du romantisme des Wanderer et des voyages de plusieurs semaines en calèche, le voyage a gagné en rapi...

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Bibliographic Details
Main Authors: robin, guillaume, Bussek, Jenny
Other Authors: Institut des Sciences du Sport-Santé de Paris (I3SP - EA 3625), Université Paris Descartes - Paris 5 (UPD5), Identités, Cultures, Territoires (ICT (URP_337)), Université de Paris (UP), Presses Universitaires de Nancy, Collection Epistémologie du corps
Format: Book Part
Language:French
Published: HAL CCSD 2020
Subjects:
Soi
Online Access:https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02956692
Description
Summary:International audience A l’ère du temps accéléré, le voyage est à l’image d’une époque gouvernée par la vitesse telle que décrite par le philosophe Paul Virilio : une activité d’hommes pressés. Loin du romantisme des Wanderer et des voyages de plusieurs semaines en calèche, le voyage a gagné en rapidité grâce à l’accélération des technologies, des modes de transport et de production. Dans sa Théorie du Voyage, Michel Onfray va jusqu’à vanter les mérites de la vitesse et de l’avion depuis son hublot d’où il contemple la géographie vue du ciel. Le voyage prend la forme d’un « état d’urgence » permanent où prendre son temps est devenu un luxe. Paul Lafargue, dans un essai intitulé Le Droit à la paresse (1880) dénonçait déjà l’accélération de la société industrielle tandis qu’Ivan Goncharov dressait quelques années plus tôt à travers Oblomov (1858) le portrait d’un personnage cultivant son inclination naturelle à la paresse, passant ses journées à ne rien faire dans son lit ou sur son divan, adressant par sa position allongée un pied de nez à la civilisation en marche. Aux antipodes de la vision onfrayenne d’un voyage accéléré, certains aventuriers et auteurs contemporains comme Sylvain Tesson font l’apologie du voyage lent dans lequel le randonneur apprend ou réapprend à voyager léger et, pour reprendre l’expression britannique, by fair means, c’est-à-dire avec le seul usage de ses mains et de ses pieds, parfois à cheval. Chez Tesson, cette forme de « slow sport », à savoir la marche à pied dans des contrées désertes et des climats rudes (montagnes, hauts plateaux, déserts, permafrost, terrains neigeux) procède d’une résistance individuelle à l’impératif sociétal de la vitesse. Parmi les inspirations littéraires qui irriguent les ouvrages de Sylvain Tesson, l’auteur cite comme figure tutélaire l’écrivain allemand Hermann Hesse et l’image du Wanderer, du randonneur vagabond (Knulp). Dans son Petit Traité sur l’Immensité du Monde, Tesson écrit: « Seuls peuvent vivre comme le vrai Wanderer ceux que nul lien ...