Schefferville : relations inter-ethniques et dynamique du developpement en milieu nordique

La mise en valeur du Nord est synonyme d'exploitation des ressources naturelles de régions isolées. C'est aussi synonyme de mal-développement et d'absence de planification inhérent à un modèle de développement régional imposé de l'extérieur à partir des grands centres de décision...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Barbeau, Michel T
Format: Thesis
Language:unknown
Published: 1987
Subjects:
Online Access:http://constellation.uqac.ca/1705/1/1435309.pdf
Description
Summary:La mise en valeur du Nord est synonyme d'exploitation des ressources naturelles de régions isolées. C'est aussi synonyme de mal-développement et d'absence de planification inhérent à un modèle de développement régional imposé de l'extérieur à partir des grands centres de décision. Ce modèle de développement façonne un environnement auquel les populations s'adaptent ou tentent de s'adapter bon gré, mal gré. Pour les populations amérindiennes le développement du Nord est toutefois synonyme de marginalisation. Dans cette optique, Schefferville représente un véritable laboratoire du développement nordique. Le développement induit par l'exploitation du fer par l'Iron Ore a peu profité aux Amérindiens. Ceux-ci ont vécu en marge de l'activité minière, spatialement, économiquement et socialement parlant. Ils n'ont profité directement des avantages de la présence de l'Iron Ore que sporadiquement, en tant que main-d'oeuvre disponible sur place, d'ailleurs pour les emplois les moins rémunérés. Leur seul bénéfice fut l'accès aux services qu'offrait la proximité d'une agglomération organisée. La brusque cessation des activités de l'Iron Ore a eu des conséquences néfastes pour la population blanche installée depuis plus de 30 ans. L'exode qui suivit celui de la compagnie aurait entraîné la disparition pure et simple de Schefferville n'eut été des irréductibles qui voulurent à tout prix y demeurer et, surtout, de la présence des communautés amérindiennes montagnaise et naskapie. L'étude démontre que, par delà la différence ethnique héritée d'un passé différent, on observe une différence dans la perception des Montagnais et des Blancs sur les attitudes des Amérindiens envers la société majoritaire. Les attitudes sont mesurées en terme d'identification collective sur les trois dimensions de 1'assimilation (fusion avec la société majoritaire avec perte d'identité ethnique), de l'intégration (adjonction sélective d'éléments culturels de la société majoritaire tout en maintenant l'identité du groupe de référence traditionnel et en en préservant les valeurs) et du rejet (abandon de liens avec la société majoritaire et réaffirmation de son identification au groupe de référence traditionnel) (Sommerlad, 1968; Kurtness, 1983). S'appuyant sur les résultats d'une enquête réalisée à Schefferville en 1984, l'étude conclut à la présence de deux groupes ethniques aux perceptions divergentes: d'une part les Amérindiens montagnais, davantage favorables à l'intégration mais opposés à l'assimilation, d'autre part les Blancs favorables à l'assimilation mais non au rejet. L'analyse des situations psycho-sociologiques montre que les populations montagnaises et blanches réagissent différemment aux mécanismes possibles d'insertion sociale que sont l'assimilation, l'intégration et le rejet. De surcroît, â l'intérieur même des populations, les opinions diffèrent selon l'âge et le niveau de vie.