Staline et les écrivains soviétiques

RésuméL’article retrace l’itinéraire d’Alexandre Avdeenko (1908-1996), jeune délinquant rééduqué par le travail, qui devient ouvrier de choc à Magnitogorsk, écrit (avec de l’aide) un roman autobiographique, J’aime (Ja ljublju), lancé, avec l’appui de Gorki, comme un bestseller (1933), et traduit imm...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Niqueux, Michel
Language:French
Published: 2008
Subjects:
Online Access:http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_098_0163
Description
Summary:RésuméL’article retrace l’itinéraire d’Alexandre Avdeenko (1908-1996), jeune délinquant rééduqué par le travail, qui devient ouvrier de choc à Magnitogorsk, écrit (avec de l’aide) un roman autobiographique, J’aime (Ja ljublju), lancé, avec l’appui de Gorki, comme un bestseller (1933), et traduit immédiatement en français. Alexandre Avdeenko est propulsé dans le monde littéraire, participe à la tournée des écrivains organisée par l’OGPU sur le canal de la Mer blanche, est délégué au Congrès des écrivains de 1934 il bénéficie de privilèges matériels considérables. Son second « roman de production », Le Destin (1936) est plus fraîchement acccueilli et le film La Loi de la vie, dont il a écrit le scénario, lui vaut de recevoir en 1940 un mémorable « savon » de Staline, en présence de membres du Comité central et d’écrivains. Avdeenko est exclu de l’Union des écrivains et de toutes ses fonctions, privé de ses privilèges, et redevient simple mineur. Au moment de la guerre, il s’engage comme volontaire, et en 1943, Staline estime qu’il a « racheté sa faute ». Après plusieurs romans vantant les exploits des garde-frontières et dénonçant les intrigues de l’Occident, Alexandre Avdeenko profite de la perestroïka pour écrire un roman-confession, Châtiment sans crime (1989). Refonte d’un délinquant en ouvrier-écrivain, ascension et chute, rachat et confession : c’est tout un schéma de fonctionnement de la société soviétique qu’illustre le destin d’Alexandre Avdeenko. L’article s’appuie sur les œuvres d’Avdeenko, la presse de l’époque, et sur des documents d’archives récemment publiés. The article recounts the itinerary of Alexandre Avdeenko, 1908-1996, a young delinquent reeducated through work, who became an outstanding worker at Magnitogorsk, wrote (with help) an autobiographic novel, I love (Ja ljublju), launched, with Gorki’s help, as a bestseller, 1933, and translated immediately into French. Avdeenko was precipitated into the literary world, participated in the writers’ trip organized by the OGPU on the White Sea Canal, and was a delegate to the Congress of Writers in 1934; he was granted considerable material advantages. His second “production novel”, Destiny, 1936 was less enthusiastically greeted, and the film The Law of Life in 1940 for which he wrote the scenario, got him a memorable drubbing by Stalin in the presence of writers and members of the Central Committee. Alexandre Avdeenko was excluded from the Union of Writers and all his functions, deprived of his privileges and became a simple miner. At the time of the war, he enrolled as a volunteer, and in 1943, Stalin considered he had “redeemed his mistake”. After several novels praising the exploits of the border guards and denouncing the West’s machinations, Avdeenko took advantage of the perestroika to write a confessional novel, Punishment without Crime, 1989. Remake of a delinquent as worker-writer, rise and fall, redemption and confession: Alexandre Avdeenko’s destiny illustrates the whole pattern of the Soviet society. The article is based on Avdeenko’s works, the newspapers of the period and recently published archives.