Les peuples autochtones du Grand Nord

Dans cette interview réalisée début 2008, l’ethnologue et anthropologue d’origine russe Boris Chichlo nous permet de pénétrer un monde largement méconnu : celui des sociétés autochtones du Grand Nord. Il dépeint, avec force de détails concrets, leurs coutumes ancestrales, leur quotidien en butte aux...

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Bibliographic Details
Published in:Le Courrier des pays de l'Est
Language:French
Published: 2008
Subjects:
Online Access:https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_066_0020
Description
Summary:Dans cette interview réalisée début 2008, l’ethnologue et anthropologue d’origine russe Boris Chichlo nous permet de pénétrer un monde largement méconnu : celui des sociétés autochtones du Grand Nord. Il dépeint, avec force de détails concrets, leurs coutumes ancestrales, leur quotidien en butte aux pressions constantes de la civilisation, les ravages de l’acculturation produite par la «soviétisation», puis le passage brutal à l’économie de marché, source d’une précarité accrue. Il nous rappelle les différentes phases qu’ont connues les rapports de ces populations à l’Etat depuis le «Code de gestion des peuples indigènes» adopté en 1822, en passant par la période soviétique et le nouvel ordre instauré en 1990 par le RAIPON, association regroupant les peuples du nord de la Russie, jusqu’à la loi signée en 2001 par Vladimir Poutine. Un texte − dont les décrets d’application ne sont toujours pas parus en 2008 (!) − qui donne aux autochtones priorité pour l’exploitation des ressources renouvelables (pêche et chasse) du territoire sur lequel ils vivent et prévoit le versement en leur faveur de dividendes sur les gains procurés par les richesses du sous-sol. La mise en œuvre effective de cette loi sera sans doute une des batailles que devra livrer le RAIPON, avec l’aide des «cousins» du Canada de l’Alaska et du Groenland, durant la deuxième Décennie internationale des populations autochtones proclamée par l’Onu (2005-2014). Officiellement, ces peuples sont classés en deux catégories en fonction de leur taille : les plus importants numériquement (comme les Sakhas-Yakoutes, les Bouriates) ont leurs propres républiques, tandis que les 41 «petits peuples du Nord», rebaptisés durant la perestroïka des années 1980 «peuples à faibles effectifs» résident dans des arrondissements autonomes portant leurs noms ou dans des entités administratives à l’identité plus hétérogène. Mais dans l’ensemble, constate B. Chichlo, l’amertume s’est installée dans les esprits, tant l’impression «de reculer dans le passé» reste forte. The ...