Donner la vie et la mort, ou comment les Inuit activent des objets

En m’appuyant sur l’ethnographie classique et sur des propos recueillis au Nunavut (Arctique canadien) à l’occasion de plusieurs ateliers de transmission des savoirs, j’examine comment les Inuit conçoivent certains objets utilisés pour la chasse. Ces objets donnent de la vitalité ou la mort. J’avanc...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Laugrand, Frédéric
Language:French
Published: 2021
Subjects:
vie
Online Access:https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CAS_019_0051
Description
Summary:En m’appuyant sur l’ethnographie classique et sur des propos recueillis au Nunavut (Arctique canadien) à l’occasion de plusieurs ateliers de transmission des savoirs, j’examine comment les Inuit conçoivent certains objets utilisés pour la chasse. Ces objets donnent de la vitalité ou la mort. J’avance l’idée que la dynamique relationnelle l’emporte sur la dynamique substantielle, ces deux logiques étant cependant coprésentes. Autrement dit, le pouvoir des objets de chasse découle moins des substances et des matériaux qui les composent, ou même de leur agencéité propre, que de leur mise en circulation, donc d’intentionnalités, de leur don et des échanges qui s’enchaînent. La puissance des objets inuit s’active dès qu’ils sont reçus d’un donateur et ce, au-delà du pouvoir intrinsèque des matériaux qui entrent dans leur composition. Les substances corporelles, en particulier le sang menstruel, occupent une place singulière, générant la mort. Le souffle, quant à lui, produit de la vitalité. Drawing on classical ethnography and stories collected in Nunavut (Canadian Arctic) during several workshops on knowledge tranmission, I examine how Inuit conceive certain objects used for hunting. These objects give vitality or death. I argue that relational dynamics prevail over substantial dynamics, these two logics being co-present, however. In other words, the power of hunting objects derives less from the substances and materials that they are made of, or even from their own agency, than from their own circulation, and therefore from their intentionality, the gift and their exchanges that follow. The power of Inuit objects is activated as soon as they are received from a donor, beyond the intrinsic power of the materials that go into their composition. Bodily substances, in particular menstrual blood, occupy a unique place, causing death. Breath, meanwhile, produces vitality.