Description
Summary:International audience Le continent américain multiplie les paradoxes environnementaux : son passé colonial a façonné une relation extractiviste* à la nature, mais c’est aussi là que naissent les premières politiques de protection de l'environnement et où s'élaborent des propositions alternatives de portée mondiale. Des grands espaces arctiques ou patagoniens à la forêt amazonienne, du mouvement pour la justice environnementale aux revendications autochtones, le continent fournit imaginaires politiques et pistes d’action pour contester les effets environnementaux de la mondialisation. La dimension géopolitique de la question environnementale dans les Amériques tient donc à la fois à son histoire, à celle de ses territoires, mais aussi pour la période actuelle à son sens et son poids dans le débat international sur l’Anthropocène. Lieu d’invention de la plantation esclavagiste comme modèle économique d’exploitation du vivant et des hommes tout autant que de l’accaparement des terres des populations amérindiennes, la région symbolise à elle seule la violence de l’appropriation du vivant du monde contemporain. Lieu par excellence d’exercice de l’impérialisme du Nord sur les pays de sa moitié sud, on y observe l’imbrication profonde entre tensions pour la souveraineté des États et dégradation de l’environnement. Á plusieurs reprises, l’internationalisation de la question environnementale au XXe siècle est passée par les Amériques, des marées noires sur la côte pacifique des États-Unis à la Conférence de Rio en 1992, de la déforestation du « poumon » amazonien aux débats sur la contribution inégale des nations au changement climatique. De ce fait, le continent peut être considéré comme un laboratoire pour les enjeux de géopolitique environnementale. Ce chapitre propose ainsi d'explorer les rapports de force entre les acteurs mobilisés par cette question.