Dépayser le dépaysement dans Monkey Beach d’Eden Robinson (2000)
International audience A bien des égards, le dépaysement est au cœur de la réflexion menée par les auteurs canadiens. Le déplacement, lorsqu’il met à mal les codes esthétiques et culturels, ouvre la possibilité d’un renouvellement et d’une reformulation du lien à l’espace, mais peut aussi générer en...
Published in: | Textures |
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Format: | Article in Journal/Newspaper |
Language: | French |
Published: |
HAL CCSD
2023
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Subjects: | |
Online Access: | https://hal.science/hal-04633416 https://doi.org/10.35562/textures.264 |
Summary: | International audience A bien des égards, le dépaysement est au cœur de la réflexion menée par les auteurs canadiens. Le déplacement, lorsqu’il met à mal les codes esthétiques et culturels, ouvre la possibilité d’un renouvellement et d’une reformulation du lien à l’espace, mais peut aussi générer en retour un geste compensatoire qui, par le biais de l’exotisme, désamorce d’emblée ce que l’autre a d’extérieur et d’inattendu. Cet exotisme est d’autant plus suspect lorsqu’il met en jeu les croyances et pratiques environnementales des Premières Nations. C’est à ce tourisme littéraire en quête d’exotisme ethnographique que cherche à se soustraire Monkey Beach d’Eden Robinson, roman sur le passage à l’âge adulte au sein de la communauté Haisla. En refusant de reconduire le fantasme de l’« Indien écologique », le roman interroge sa propre réception par un lecteur non autochtone, notamment la représentation qu’il donne d’une relation à l’environnement qui ne se pense pas et ne se vit pas sous la forme d’un paysage. Le dépaysement comme effet de texte ne relève toutefois pas d’une logique de la différence dont la finalité est d’identifier. La présente étude propose d’y voir une « figure […] de dérangement », pour reprendre les mots de François Jullien. Qu’il s’agisse de la figure familière de l’intermédiaire autochtone ou des indices d’une cosmologie traditionnelle, Robinson s’attache à déstabiliser ce que le lecteur non autochtone croit savoir des croyances et des pratiques haisla. L’apprentissage politique et environnemental de la narratrice, qui œuvre à dé‑paysager les descriptions du monde naturel, est ainsi placé sous le signe de la retenue et de la réticence. En effet, si le roman propose une réflexion sur la « tenue » et la « pertinence » qu’implique l’appartenance au pays haisla, il se garde d’en figer et d’en circonscrire le sens. |
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