Summary: | Vous m’avez invitée afin de revenir sur une communication que j’ai faite le 30 novembre 2010, il y a sept ans donc. Il s’agissait alors pour moi de présenter la notion des « savoirs situés » élaborée par Donna Haraway dans un texte paru en 1988, à des étudiant.e.s inscrit.e.s au Master des narrations spéculatives à l’ERG – Ecole de Recherche Graphique. L’idée étant que les savoirs situés reconnaissent l’importance de la fabulation et de la spéculation dans la recherche, et qu’il serait intéressant pour les étudiant.e.s d’en savoir plus. Tels étaient les termes de l’invitation lancée par Fabrizio Terranova (qui est maintenant connu pour avoir réalisé le film Donna Haraway: Story Telling for Earthly Survival, sorti en 2016). Depuis lors, je suis devenue une praticienne des savoirs situés plus affirmée, nourrie des écrits et des luttes écoféministes entre autres. Depuis lors, les savoirs situés sont devenus des termes plus usités sans que pour autant la dimension fabulatrice en soit reconnue. J’y reviendrai. Plus généralement, je ne peux pas m’empêcher de regretter la légèreté et la facilité avec lesquelles les chercheur.e.s et les militant.e.s féministes et/ou critiques, le plus souvent francophones, se réclament des « savoirs situés » aujourd’hui. Je m’inquiète de la façon dont nous sommes en train d’appauvrir la notion et j’aimerais défendre une version plus indéterminée et plus joyeuse des savoirs situés. Je voudrais rappeler à l’attention quelques ingrédients forts des savoirs situés qui semblent passer à la trappe. Je vais procéder en trois temps.
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