Géopolitiques arctiques : pétrole et routes maritimes au coeur des rivalités régionales ?

la fonte accélérée de la banquise arctique en été laisse entrevoir la possibilité de sa disparition durant cette saison d’ici quinze à soixante ans 1. Les glaces se séparant de plus en plus tôt et se reformant de plus en plus tard, la saison navigable (c'est-à-dire sans banquise compacte, mais...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Critique internationale
Main Author: Lasserre, Frédéric
Format: Other/Unknown Material
Language:French
Published: Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) 2016
Subjects:
Online Access:https://hdl.handle.net/20.500.11794/850
https://doi.org/10.3917/crii.049.0131
Description
Summary:la fonte accélérée de la banquise arctique en été laisse entrevoir la possibilité de sa disparition durant cette saison d’ici quinze à soixante ans 1. Les glaces se séparant de plus en plus tôt et se reformant de plus en plus tard, la saison navigable (c'est-à-dire sans banquise compacte, mais avec de la glace dérivante), qui fut longtemps de deux mois et demi, dure désormais trois mois, et peut s’étendre certaines années jusqu’à cinq mois. Ce phénomène relance les espoirs d’ouverture des mythiques Passages du Nord-Est et du Nord-Ouest entre l’Asie et l’Europe. Les routes maritimes qui passent respectivement par le Nord de la Sibérie et par l’archipel arctique canadien ne sont-elles pas en effet plus courtes de plus de 7 000 km que celles qui passent par Panama ou par Suez ? L’évocation de mers arctiques libres de glaces sur des périodes de plusieurs mois relance également les projets d’exploitation d’hydrocarbures et de minerais tant du côté russe que du côté canadien, avec des perspectives intéressantes en matière de pétrole, de gaz, d’or, de diamants et de nickel. Les médias font régulièrement état des jeux de pouvoir qui se mettent en place actuellement autour de l’Arctique. Certains observateurs parlent d’une « bataille pour le Grand Nord », d’une nouvelle « guerre froide », voire d’une « folle course armée » entre pays côtiers de l’océan Arctique pour le contrôle de ses richesses. De tels scénarios catastrophes sont peu crédibles : les enjeux économiques dans la région sont relativement modestes (routes maritimes peu propices au transit, ressources naturelles certes bien réelles mais loin d’être fabuleuses) et il n’est dans ce domaine aucune rivalité qu’une bonne négociation ne pourrait apaiser. Aujourd’hui toutefois, deux questions opposent les pays de l'Arctique : celle tout d'abord du statut des Passages du Nord-Ouest et du Nord-Est dans l’hypothèse d’un accroissement de la navigation (s'agit-il de détroits internationaux ou ces routes maritimes sont-elles sous la souveraineté complète du Canada et de ...