Signes viatiques mémoriels : le cas des stèles de bois « lapones » (1681-1736)

International audience Signes viatiques mémoriels : le cas des stèles de bois « lapones » (1681-1736) La redécouverte de la plaque de bois gravée par Jean-François Regnard en Laponie sur un dossier de traîneau de rennes conservé dans la plus vieille église du pays same, datant de 1608, à Jukkasjärvi...

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Bibliographic Details
Published in:Littératures classiques
Main Author: Requemora, Sylvie
Other Authors: Aix Marseille Université (AMU), Centre de Recherche sur la littérature des voyages (CRLV), Université Paris-Sorbonne (UP4), Centre Interdisciplinaire d'Étude des Littératures d'Aix-Marseille (CIELAM), Société Littératures Classiques
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: HAL CCSD 2023
Subjects:
Online Access:https://hal.science/hal-04077984
https://doi.org/10.3917/licla1.108.0175
Description
Summary:International audience Signes viatiques mémoriels : le cas des stèles de bois « lapones » (1681-1736) La redécouverte de la plaque de bois gravée par Jean-François Regnard en Laponie sur un dossier de traîneau de rennes conservé dans la plus vieille église du pays same, datant de 1608, à Jukkasjärvi, petite localité de la commune de Kiruna en Suède, située à quelque 200 kilomètres au nord du cercle polaire, permet à la fois d'attester la véracité d'un récit de voyage souvent contesté et de le mettre en relation avec l'expédition de La Mottraye puis celle de Maupertuis, grâce à la comparaison de deux autres plaques restées dans cette même église : l'une, difficile à déchiffrer, mais authentifiable comme étant celle d'Aubry de La Mottraye, et l'autre signée au verso par Johannes Wegelius, maître de rhétorique à l'école de Tornio, et au recto par Gabriel Gyllengrip, le gouverneur de la ville-tous deux accueillirent Maupertuis en 1736. La confrontation de ces trois plaques de bois, gravées en latin, offre la possibilité inédite de réfléchir sur une poétique de stèles devenues genre, à la fois mondain et topographique, prenant un support textuel et visuel original. À l'époque célébration ponctuelle et circonstancielle, mémorial intemporel et exercice de rhétorique classique à la fois, la plaque est aujourd'hui devenue énigmatique superposition de gravure, de menuiserie, d'art et de messages qu'il serait intéressant d'interroger, à la manière de padrão nordiques. Un padrão est un « pilier de pierre surmonté d'une croix ou du blason portugais et comportant une inscription 1 » utilisé par les navigateurs portugais lors des grandes découvertes pour marquer les emplacements qu'ils découvraient. Le premier à en utiliser est Diogo Cão sur les ordres de Jean II en 1482 à l'embouchure du Zaïre. Bartolomeu Dias et Vasco de Gama en ont aussi fait usage. En Scandinavie, ces inscriptions ne sont pas toutes de pierre, mais surtout de bois, et plutôt que de marquer un lieu à s'approprier et une politique, elles relèvent davantage ...