La France dans "l'après-Pershing"

• Published in: Politique étrangère
• Format: Article in Journal/Newspaper
• Language: French
• Published: PERSEE 1983
• Subjects: Retour; North Atlantic
• Online Access: http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1983_num_48_4_5709; https://doi.org/10.3406/polit.1983.5709

France in the « post-Pershing » period, by Pierre Lellouche Even though the Soviets lost the test of wills, the Euromissile issue is by no me ans over now that the first deployment has taken place. Not having made any real concessions in time, the Kremlin's bluff failed. Although the North Atlantic alliance certainly gained an important psychological success, the European democracies must endure another four years internal conflict over this issue. The two big questions which will arise over future Geneva negotiations are : which of the superpowers will give way first ? and : how will political feeling evolve in Western Europe if nothing happens in Geneva before 1985 ? France may be force during this « post-Pershing » period to make fundamental redefinition of its defence and national security policies. This could engender rupture of the « consensus » of opinion in France which has up till now been apparent in matters of defence. The problem of European security in the coming years can only lead once more to the idea of cooperative inter-European defence system. Only France could take far-reaching initiative in this respect and all depends on whether the French who have legitimate worries about the consequences of German feelings of insecurity have the energy to overcome their own inertia as well as that of their fellow Europeans. L'affaire des euromissiles ne s'est pas achevée avec l'installation des premiers Pershing, même si les Soviétiques ont perdu un test de volonté, une fois le premier déploiement effectué. Faute d'avoir su proposer à temps des concessions réelles, le Kremlin a échoué dans sa tentation du bluff. L'Alliance a certes remporté un succès psychologique important, mais les démocraties européennes conserveront-elles l'énergie suffisante pour « tenir » encore quatre années de controverses internes ? Au niveau des négociations, tout peut se ramener à une double question : qui des deux Grands cédera le premier et que se pas sera-t-il sur le « front » politique européen si rien ne se passe à Genève d'ici à 1985 ? Pour la France, l'« après-Pershing », pourrait provoquer une difficile épreuve de redéfinition en profondeur des fondements mêmes de sa politique de défense et de sécurité. Cette redéfinition pourrait provoquer en retour la rupture du « consensus » apparent qui a caractérisé jusqu'ici le débat français en matière de défense. La seule issue au problème posé par la sécurité de l'Europe dans les années à venir passe nécessairement par une relance de l'idée de coopération intra-euro-péenne en matière de défense. Seule la France est capable de prendre une initiative de grande envergure et toute la question est de savoir si les Français, qui ont légitimement peur de la peur des Allemands, auront la force de vaincre leurs propres inerties ainsi que celles des autres.