La mortalité en Europe de 1720 à 1914 : tendances à long terme et changements de structure par sexe et par âge

On ne connaît avec un peu de précision l'évolution à long terme de la mortalité que dans quelques pays : la Finlande, le Danemark, l'Islande, la Norvège, la Suède, où les relevés statistiques d'état civil ont commencé très tôt, mais aussi la France et l'Angleterre, pour lesquelle...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Annales de démographie historique
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: PERSEE 1989
Subjects:
Online Access:http://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1989_num_1989_1_1730
https://doi.org/10.3406/adh.1989.1730
Description
Summary:On ne connaît avec un peu de précision l'évolution à long terme de la mortalité que dans quelques pays : la Finlande, le Danemark, l'Islande, la Norvège, la Suède, où les relevés statistiques d'état civil ont commencé très tôt, mais aussi la France et l'Angleterre, pour lesquelles on dispose des reconstitutions effectuées par L. Henry d'une part et E. Wrigley et R. Schofield d'autre part. Ces pays sont aussi les pays précurseurs de la baisse de la mortalité. Celle-ci y a commencé dès la seconde moitié du XVIIIe siècle alors que dans les autres pays européens, elle ne s'est amorcée que vers le milieu ou même la fin du XIXe. Ce qui frappe le plus dans la comparaison entre ces précurseurs, c'est la différence de niveau observée au départ entre la France et l'Angleterre. Problème de méthode ? Différence réelle ? La question reste ouverte. En fait, les pays ont eu des histoires fort différentes, non seulement quant à la date de départ, mais aussi quant aux étapes de la baisse. Alors qu'en Suède la mortalité a diminué régulièrement sur toute la période, elle a évolué en plusieurs paliers en France et en Angleterre, avec même certains retours en arrière. Des différences importantes s'observent aussi dans l'évolution de la structure par âge et sexe. En particulier, pour un même niveau de mortalité infantile et juvénile, atteint, certes à des époques différentes, on rencontre des niveaux très différents de mortalité adulte. Celle-ci était au départ, relativement, beaucoup plus faible en Italie qu'en France et en France qu'en Suède. La spécificité italienne demeure ensuite alors que la différence entre France et Suède tend à s'effacer. Par ailleurs, cette période est celle d'un premier développement de la surmortalité masculine, même si ce phénomène est surtout appelé à caractériser le XXe siècle. Bien entendu cette période (1720-1914) ne recouvre pas toute la transition sanitaire qui est encore loin d'être achevée à la veille de la Première Guerre mondiale. Long-term trends in mortality are only known with a certain degree of precision for a few countries : Finland, Denmark, Iceland, Norway, and Sweden, where civil registration statistics began to be collected at a relatively early date, and also France and England, for which reconstitutions are available thanks to L. Henry on one hand E. Wrigley and R. Schofield on the other. These same countries were also the first in which mortality began to decline. This started to occur as early as the second half of the 17th century whereas, in other European countries, it only began around the middle or even the late 19th century. The most striking fact noted in comparing these countries is the difference in level observed at the outset between France and England. Is it a matter of the method used ? Or a real difference ? The question remains open. In actual fact, events occurred quite differently in the two countries, not only insofar as the date of commencement is concerned, but also with regard to the various stages in the decline. While mortality fell regularly in Sweden over the whole period, it went through various steps in France and England, sometimes even undergoing a reversai of the trend. Significant differences can also be noted in trends in age- and sex -specific structure. More specifically, for a given identical level of infant and youth mortality, reached, certainly, at different points in time, the levels of adult mortality diverge completely. To begin with, this level was, relatively speaking, much lower in Italy than in France and in France than in Sweden. The specific nature of the Italian trend then continues while the difference between France and Sweden tends to disappear. Furthermore, this same period sees the birth of a trend toward excess male mortality, even if this is a phenomenon more specifically characteristic of the 20th century. Of course, this period (1720-1914) does not cover the full health transition which is far from being completed at the dawning of the First World War.