Summary: | Dans cet article, je considère le statut de l’auteur féroïen William Heinesen (1900-1991) en relation avec la culture et la littérature (canoniques) danoises : ayant rédigé l’intégralité de son œuvre en danois, cet écrivain majeur scandinave du XXe siècle n’entre pas dans le Kulturkanon officialisé par le Ministère de la culture à Copenhague en 2006. Cependant, il appartient encore à l’histoire de la littérature danoise. Mais pour combien de temps ?Après une première partie consacrée au Canon culturel danois et aux liens entre le royaume du Danemark et ses « dépendances » nordiques depuis l’époque de la Réforme, j’étudie certains éléments décisifs de la dénationalisation culturelle et politique qu’entreprend William Heinesen dans son œuvre en prose. Ainsi, nous verrons en quoi la pensée de la localité universelle dans le travail de l’écrivain – tout aussi fièrement féroïen que résolument antinationaliste – se différencie du romantisme national danois actuel. In this article, I consider the status of the Faroese writer William Heinesen (1900-1991) in relation to Danish (canonical) culture and literature: having written all of his work in Danish, this major Scandinavian writer of the twentieth century is nowhere to be found in the official Kulturkanon published by the Ministry of Culture in Copenhagen in 2006. However, Heinesen’s œuvre still belongs to the history of Danish literature. But for how long will this remain the case? Following a first section devoted to the Danish Culture Canon and to the links between the Kingdom of Denmark and its Nordic “dependencies” since the time of the Reformation, I’ll discuss certain decisive elements of the cultural and political denationalization that William Heinesen undertakes in his prose work. Thus, we will see how the conception of universal locality in the writings of the author – as proudly Faroese as he is resolutely anti-nationalistic – differs from current Danish national romanticism.
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