Notes de terrain et histoire cachée

Dans cette étude, je me livre à une analyse critique de l’utilisation des journaux de terrain et de leur rôle dans ma vie. J’ai rétrospectivement découvert que mes notes dans les journaux de terrain reflètent la spontanéité et la proximité de mes relations avec mes informateurs. Je rends compte ici...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Études finno-ougriennes
Main Author: Ventsel, Aimar
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:French
Published: INALCO 2019
Subjects:
Online Access:http://journals.openedition.org/efo/11166
Description
Summary:Dans cette étude, je me livre à une analyse critique de l’utilisation des journaux de terrain et de leur rôle dans ma vie. J’ai rétrospectivement découvert que mes notes dans les journaux de terrain reflètent la spontanéité et la proximité de mes relations avec mes informateurs. Je rends compte ici de plusieurs cas, où j’ai compris que ces journaux ont pour moi un sens personnel. Quand j’utilise mes notes de terrain dans mes publications universitaires, je procède à une autocensure et je garde une partie de mes matériaux pour moi.Je partage la position de Judith Okley, qui fait la différence entre une « documentation consciente » et la « mise par écrit ». Dans le premier cas il est question de remplir un journal de terrain, c’est une « description plurielle », qui a comme objectif de préserver ou de susciter chez l’auteur « le contexte local ». Dans les publications universitaires nous procédons à une « mise par écrit » où nous ne transmettons pas la vision totale de la situation.Paradoxalement, les journaux de terrain disent quelque chose sur l’anthropologue, pas sur le fond de sa discipline. Une grande partie des textes de terrain reste dissimulée aux yeux des autres, c’est l’anthropologue qui en a besoin pour se fabriquer une vision d’ensemble en vue de ses travaux scientifiques Je suis personnellement convaincu que 80 % des textes de terrain ne seront pas publiés, mais ils sont indispensables pour utiliser les 20 % restants. In this essay I look self‑reflexively at my use of fieldwork diaries. In retrospective I discovered that taking notes is a spontaneous process and that fieldwork diaries symbolize for me an intimate relationship with my informants. I describe various situations where I understood that personal nature of diaries. Sharing my field notes in academic publications I consciously self‑censor the information to keep certain material hidden.I fully agree with Judith Okely, who distinguishes the two processes – ‘knowingly writing down’ and ‘writing up’. Field notes are written down, this is a ...