Summary: | La plus importante colonie française de Phoque veau-marin (Phoca vitulina) se trouve en baie de Somme (nord de la France). avec un effectif maximum observé en 2001 de 76 individus. Cette colonie s'est développée numériquement depuis environ dix ans, et produit plus de la moitié des néonates sur les côtes françaises. L'estuaire de la Somme est soumis à de multiples pressions anthropiques, avec un tourisme estival de masse et de nombreuses activités récréatives. Ceci semble avoir pour effet de provoquer des dérangements chez les phoques se reposant sur les bancs intertidaux mais également une réduction de leur habitat. De manière à étudier les interactions entre phoques et activités humaines, un programme de conservation a été mis en place par l'association Picardie Nature. Il permit l'observation et le suivi du devenir des jeunes nés dans l'estuaire. De 1992 à 2001, 59 jeunes ont pu être étudiés. Durant cette période, 52 % des jeunes ont été sevrés naturellement. 32 % se sont échouês vivants et 16 % se sont échoués morts. Malgré des naissances régulières et en augmentation durant la période d'étude, la production de jeunes demeure faible (12 % ± 0.06), comparée à celle d'autres colonies reproductrices françaises. Les échouages pouvaient atteindre certaines années 52,9 % des néonates. Ce phénomène, combinant à la fois une faible production de jeunes et des échouages précoces, suggère deux hypothèses. L'absence de reposoirs de marée haute dans les zones de schorre, provoquée par une occupation massive des secteurs amonts de l'estuaire, réduit potentiellement l'habitat préférentiel des couples mère-jeune. Ceci pourrait donc avoir pour effet une mauvaise production de jeunes. Par ailleurs, les activités récréatives et le développement du tourisme nuiraient au sevrage des jeunes du fait des dérangements récurrents provoqués lors du repos de ceux-ci en été. Ces éléments montrent que ce groupe périphérique de Phoques veaux-marins est très vulnérable, malgré le statut de Réserve Naturelle (depuis 1994) où se trouvent les reposoirs. La mise en place de stratégies spécifiques de gestion liées à la Directive Habitat devrait considérer ce phénomène. The most important French Harbour Seal (Phoca vitulina) colony occurs in the Somme estuary, on the eastern French Channel coast, in northern France (max. 76 ind. in 2001). This colony has increased in number for at least ten years and currently produces more than half of the pups born along the French coast. The estuary is exposed to strong human pressure, with mass summer tourism and recreational activities inducing habitat reduction and disturbances. To study the interactions between Harbour Seals and human activities in this area, a conservation and study programme was set up in 1990 by the association Picardie Nature. This permitted the observation and follow up of reproduction and pups born within the estuary. From 1992 to 2001, 59 pups were studied. During this period, 52% of pups were naturally weaned, 32% stranded alive and 16% stranded dead. Despite births being regular temporally and increasing, pup production stayed low (12% ± 0.06), notably when compared to other French Harbour Seal colonies. Strandings accounted for up to 52.9% of pups produced in a year. This phenomenon — combining low pup production and precocious strandings relatively important during the summer period — leads to two hypotheses. The absence of high tide haul out sites in saltmarsh areas, provoked by a massive utilization of upstream parts of the estuary by recreational activities, potentially reduces mother-pup’s preferential habitat, so prevents births and good pup production. In addition, recreational activities and the development of tourism seems also to prevent the efficiency of pup weaning with recurrent disturbances in summer. This shows that this peripheral group is highly vulnerable despite the designation of the estuary as a Nature Reserve in 1994. The implementation of specific management strategies of the Habitat Directive should consider this phenomenon.
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