Summary: | Ce calendrier ornithologique couvre cinq années (1990 à 1994) caractérisées par des hivers doux, trois années pluvieuses (1990, 1993, 1994) et une baisse de la salinité du Vaccarès. Les effectifs nicheurs de plusieurs espèces ont considérablement augmenté. Deux espèces de Hérons arboricoles (l'Aigrette garzette et le Héron garde-boeufs mais non le Bihoreau gris et le Crabier chevelu) ont continué leur irrésistible ascension que l'on peut mettre, au moins partiellement, en relation avec une série d'hivers doux et de bons succès de reproduction. Le Héron cendré continue également son impressionnante progression pour atteindre, avec près de 1 500 couples, le triple de ses effectifs de 1981, alors que le Héron pourpré a continué de décliner. Quelques espèces sont en train de s'installer comme nicheuses (modestement encore) comme la Cigogne blanche (un phénomène général en France), la Grande Aigrette, l'Ibis falcinelle, le Cygne tuberculé, l'Oie cendrée, la Buse variable (le retour de la forêt dans le midi méditerranéen). D'autres poursuivent leur lent déclin comme la Glaréole, l'Oedicnème criard, le Petit-due scops, la Chevêche d'Athéna et le Bruant proyer, victimes sans doute de changements en Camargue même (agriculture intensive) ou le long de leurs voies de migration et de leurs centres d'hivernage. La nidification des Laro-limicoles nicheurs pose problème. Le nombre d'îlots s'étant stabilisé, le nombre de ceux colonisés par les Goélands leucophée va en croissant, ceci ayant provoqué, d'une part, des transferts d'effectifs du salin de Giraud vers celui d'Aigues-Mortes et, d'autre part, des adoptions de sites de nidification à succès de reproduction médiocre, théoriquement impropres au maintien des petites espèces. Les effectifs nicheurs des petites espèces ont, par ailleurs, connu des fortunes diverses : la Mouette rieuse a chuté, le Goéland railleur, la Mouette mélanocéphale et la Sterne caugek ont augmenté, les autres espèces sont restées plus ou moins stables. Les tendances futures de toutes ces espèces doivent être surveillées et des propositions d'aménagement des salins qui leur seraient plus accueillants devront être faites. Quelques espèces réputées comme migratrices transsahariennes ont fait des essais d'hivernage (Bihoreau gris, Crabier chevelu, Ibis falcinelle, Echasse blanche, Sterne pierregarin, Guifette moustac, Torcol fourmilier, Bergeronnette printanière) ou hivernent en nombres de plus en plus importants (Grand Gravelot, Gravelot à collier interrompu). Les hivers doux qui se sont succédés pendant ces années pourraient favoriser cette nouvelle tendance à faire des essais d'hivernage en deçà du Sahara. D'autres espèces comme la Bouscarle de Cetti et le Cisticole des joncs ont également profité de cette conjoncture pour augmenter leurs effectifs nicheurs. La Talève sultane et l'Etourneau unicolore ne devraient pas tarder à nicher compte tenu de leur nidification dans les proches environs. Précédées en cela depuis de nombreuses années par le Cygne de Bewick, la Grue cendrée et l'Oie cendrée semblent tester de nouveaux quartiers d'hiver. La Camargue reste toujours un centre important pour la nidification du Canard colvert mais d'autres espèces d'Anatidés ne se sont pas installées (Fuligule milouin) ou n'ont pas progressé (Canard chipeau). A l'exception notable de l'Oie cendrée, qui d'hivernante en augmentation, a laissé quelques nicheurs, et du Cygne tuberculé.
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