Identité alimentaire et frontière raciale en Nouvelle-France

Cet article explore le rôle de la nourriture comme outil d’interprétation identitaire afin de comprendre comment l’absence d’épices, de sel et de vin dans les cultures alimentaires wendat, mi’gmaq et innue a suscité chez plusieurs observateurs français de la Nouvelle-France des réflexions sur le cor...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Revue d'histoire de l'Amérique française
Main Author: Girard, Renée
Format: Text
Language:French
Published: Institut d’histoire de l’Amérique française 2021
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/1088207ar
https://doi.org/10.7202/1088207ar
Description
Summary:Cet article explore le rôle de la nourriture comme outil d’interprétation identitaire afin de comprendre comment l’absence d’épices, de sel et de vin dans les cultures alimentaires wendat, mi’gmaq et innue a suscité chez plusieurs observateurs français de la Nouvelle-France des réflexions sur le corps autochtone. Il remet en question l’opposition binaire nature/culture proposée par de nombreux historiens pour justifier la naissance d’une pensée raciste au 18e siècle. On y soutient, au contraire, que les premiers balbutiements de la pensée raciale en Nouvelle-France sont apparus dès le 17e siècle et en dehors de cette dichotomie réductrice qui va à l’encontre de la théorie des humeurs prévalente à l’époque. This article explores the role of food as an interpretive tool in order to understand how the absence of spices, salt and wine in the Wendat , Mi’kmaq and Innu food cultures has led several French observers to reflect on the Indigenous body. It challenges the binary nature/culture opposition proposed by many historians to justify the birth of racist thought in the 18th century. On the contrary, it is argued that the beginnings of racial thought in New France originated in the 17th century and outside this reductive dichotomy which goes against the humoral theory prevalent at the time.