De l’esthétique à la prothétique, et inversement : Matériaux, réalisations et consommateurs d’art sculptural inuit au Canada, ou Alfred Gell dans l’Arctique canadien

Cet article examine l’ethno-esthétique complexe des sculptures commerciales des Inuit canadiens de la fin du XXe siècle. Il suggère que cette ethno-esthétique est performative dans le sens où les Inuit jugent leurs oeuvres d’art non par leur forme visuelle ultime, mais en fonction de critères de pro...

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Published in:Ethnologies
Main Author: Graburn, Nelson H.H.
Format: Text
Language:French
Published: Association Canadienne d’Ethnologie et de Folklore 2016
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/1041587ar
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spelling fterudit:oai:erudit.org:1041587ar 2023-05-15T16:54:11+02:00 De l’esthétique à la prothétique, et inversement : Matériaux, réalisations et consommateurs d’art sculptural inuit au Canada, ou Alfred Gell dans l’Arctique canadien Graburn, Nelson H.H. 2016 http://id.erudit.org/iderudit/1041587ar https://doi.org/10.7202/1041587ar fr fre Association Canadienne d’Ethnologie et de Folklore Érudit Ethnologies vol. 38 no. 1-2 (2016) Tous droits réservés © Ethnologies, Université Laval, 2016 text 2016 fterudit https://doi.org/10.7202/1041587ar 2018-03-24T23:59:24Z Cet article examine l’ethno-esthétique complexe des sculptures commerciales des Inuit canadiens de la fin du XXe siècle. Il suggère que cette ethno-esthétique est performative dans le sens où les Inuit jugent leurs oeuvres d’art non par leur forme visuelle ultime, mais en fonction de critères de proximité instaurés par les artistes masculins locaux ayant le plus de succès, par la nature du matériau lithique disponible sur place (et les outils utilisés) et par le statut et l’aptitude de l’artiste (selon son âge, son sexe, son expérience, son état de santé). À la suite d’Alfred Gell et Marily Strathern, nous sommes d’avis que l’art a une finalité, à savoir exercer son agentivité (son influence) sur le public qui, pour les Inuit, est avant tout le groupe local des autres (artistes) Inuit. Mais ces oeuvres sont destinées à la vente, aussi doivent-elles (aussi) influencer les qallunaat (les Blancs susceptibles de les acheter). Certains Inuit enfreignent leurs propres valeurs ethno-esthétiques pour produire des oeuvres ayant l’air « primitif », c’est-à-dire de facture grossière et de formes enfantines, ou bien soulignent la « spiritualité » (le chamanisme) ou les transformations de l’homme en animal (animisme) pour séduire le « marché blanc » en convoquant les propres fantasmes de celui-ci au sujet du primitif en voie de disparition. This paper examines the complex ethno-aesthetics of Canadian Inuit commercial sculptural arts of the late 20th century. It proposes a performative ethno-aesthetic by which the Inuit judge their arts not by final visual forms but by local standards led by local successful male artists, by the nature of the carving rock available (and the tools used), and by the status and ability (age, gender, experience, health) of the artist. Following Alfred Gell and Marilyn Strathern, we agree that art has a purpose, to have agency over (influence) the audience which, for Inuit, is primarily the local group of other Inuit (artists). But these arts are made for sale, so they must (also) influence the qallunaat (the white people who may buy them). Some Inuit override their own ethno-aesthetic values to produce arts which look “primitive”, i.e. crudely made, childish forms or stress “spirituality” (shamanism) or man-animal transformations (animism) to seduce the “white market” by appealing to its own fantasies about the disappearing primitive. Text inuit Érudit.org (Université Montréal) Canada Qallunaat ENVELOPE(-56.350,-56.350,73.600,73.600) Ethnologies 38 1-2 61 81
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